Ludovisi - En remontant la via Veneto (4/10). Santa Maria della Concezione dei Cappuccini - L'église des Capucins.

Une décoration originale mais des plus macabre

Après la fontaine des abeilles se dresse la haute façade de l’église dei Capucini (des Capucins - photo). Dédiée à la Bienheurse Vierge Marie, son appellation officielle est Santa Maria Immacolata in Via Veneto. L’église avait été édifiée à l’emplacement d’églises plus anciennes, en 1624, par Antonio Casoni à la demande du cardinal Antonio Barberini, frère du pape Urbain VIII Barberini (1623 / 1644), et capucin lui-même. La façade apparait d’autant plus élevée qu’elle est perchée sur un mur de soutènement avec une double rampe d’escaliers construits lors de la création de la via Veneto en 1890. A cette occasion le clocher et le couvent qui la bordaient furent démolis (voir photo de la liste des articles). La façade est des plus simples, seulement décorée de pilastres en travertin rajoutés au début du XXe siècle. Façade à deux étages avec une porte surmontée d’un fronton triangulaire au premier niveau et une fenêtre en plein cintre au second. L’intérieur [1] est à nef unique, de cinq travées, avec cinq chapelles sur chaque bas-côtés, décorées d’œuvres baroques. La plus intéressante me semble être le saint-Michel-archange de Guido Reni, bien qu’un peu « trop jolie » aux goûts de 2023.

« …l’église des Capucins si connue par le charmant et trop charmant archange Saint-Michel du Guide. Le joli ne peut aller plus loin ; si on voulait plus faire, on arriverait à peindre ce qui est de mode » [2]. 

L’inscription de la pierre tombale du cardinal Barberini, située devant le chœur, est célèbre : « Hic Iacet Pulvis, Cinis et Nihil » (Ici gisent poussière, cendre et rien d’autre). L’ordre des capucins est connu pour accorder une grande valeur au vœu de pauvreté et pour sa proximité avec les couches sociales défavorisées. Il a notamment joué un rôle important dans le mouvement des prêtres-ouvriers (1942 / 1959). Mais l’église est surtout renommée pour la décoration de sa crypte [3] ! Sous les cinq chapelles droites de l’église, cinq pièces reliées par un couloir ont été décorées aves les os des moines capucins décédés. Certaines pièces sont décorées d’os longs, tibias, péronés, fémurs, radius, humérus, qui permettent d’élaborer des constructions audacieuses, d’élégantes niches ; d’autres sont ornées d’os plats qui judicieusement entassés composent d’agréables cascades ; d’autres enfin sont parées de crânes qui se prêtent beaucoup plus mal à des compositions légères et gracieuses. Heureusement, il y a aussi les petits os, vertèbres, côtes et phalanges qui participent à réaliser de délicats dessins baroques sur le fond blanc des murs et du plafond, avec des frises, des guirlandes !

« … le meilleur tour des Capucins, c’est qu’ils imposent leurs victimes à l’adoration des vivants »[4]

« On aimerait se dire que c’est seulement une parodie, les effets spéciaux de Cinecittà, une pantomime de carnaval. Mais tout est bien vrai. Alors nous filons dehors respirer de tous nos pores la merveilleuse lumière de la via Veneto, où même le fracas de la circulation nous réjouit » [5].

Le long de la Via Vittorio Veneto des terrasses de restaurants sont installées sur le trottoir, comme à Paris, et l’on peut déjeuner en contemplant le spectacle de la rue. Cela permet de constater que les batailles de cinéma n’excluent pas les combats quotidiens pour essayer de survivre aujourd’hui. Un vendeur ambulant, d’origine pakistanaise peut-être, profite de la pluie qui tombe sans discontinuer pour proposer des parapluies aux convives qui sortent d’un restaurant. Il s’est posté à un endroit où les promeneurs passent nécessairement devant lui, mais d’où il peut aussi surveiller la rue sans être vu. Il est inquiet et scrute les deux extrémités de la rue. De quoi a-t-il peur ? D’une rafle de la police ? De concurrents dont il occuperait indûment la place ? De l’intermédiaire qui lui fournit tous les matins la marchandise à vendre dans la journée ? C’est la face sombre de la « Dolce Vita ».

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[1] Site Romanchurches. « Santa Maria della Concezione dei Cappuccini ».

[2] Stendhal. « Promenades dans Rome ». 1829.

[3] Via Vittorio Veneto, 27. Visite tous les jours de 9h00 à 19h00. 

[4] Jean-Paul Sartre. « La reine Albermarle ou le dernier touriste ». 1991.

[5] Marco Lodoli. « Iles – Guide vagabond de Rome ». 2005.

Liste des promenades dans Rome et liste des promenades dans Ludovisi

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