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Notes d'Itinérances
16 août 2023

Ludovisi - En remontant la Via Veneto (5/10). Sant’Isidoro a Capo le Case.

Censure sur une oeuvre du Bernin !

 

 

A gauche de la via Vittorio Veneto, un escalier conduit à l’église Sant’Isidoro. Sa construction avait été provoquée par la canonisation, en 1622, de cinq saints par Grégoire XV Ludovisi (1621 / 1623), dont saint Isidore le Laboureur, le saint patron de la ville de Madrid. Des moines franciscains espagnols sont alors venus à Rome pour créer un couvent dédié au nouveau saint. Mais, deux ans plus tard, les moines espagnols ont abandonné le projet pour une raison inconnue. Le complexe devenu propriété des Franciscains, un moine irlandais a souhaité poursuivre l’œuvre entreprise ce qui a été confirmé, en 1625, par une bulle d’Urbain VIII Barberini (1623 / 1644). L'église, de style baroque, a été construite par Antonio Felice Casoni et achevée par Domenico Castelli. La façade (1704-1705), de Carlo Francesco Bizzaccheri, est d’un baroque tardif. Elle est en trois parties et à deux niveaux. Au premier niveau, trois arcs de taille inégale, séparés par des pilastres, forment une loggia ; au second, la fenêtre est située entre les statues des saints Isidore et Patrick.

 

L’accès s’effectue par une double rampe d’escalier [1] avec, dans le mur de soutènement de l’escalier, une niche rectangulaire décorée d’une terre cuite émaillée espagnole de la Vierge à l'Enfant. Une autre majolique, représentant saint François, se trouve sur le mur du couvent à gauche de la façade. L’intérieur est à une seule nef, avec un plan en croix latine, avec une voûte en berceau, deux chapelles latérales de chaque côté et deux chapelles sur les côtés de l’autel. L'édifice comporte des œuvres de Carlo Maratta (1625 / 1713) dans la première chapelle à droite dédiée à saint Joseph. La chapelle Da Sylva, la troisième à droite, a été conçue par Gian Lorenzo Bernini, en 1663, mais elle a été réalisée par des membres de son atelier notamment Paolo Valentino Bernini [2] un de ses fils. Elle est dédiée à l'Immaculée Conception de Notre-Dame. La coupole, éclairée par une lanterne, et ses pendentifs sont entièrement dorés. Au fond, un retable de forme elliptique s'insère pour sa partie supérieure dans l'arc pendentif de la coupole, et pour la partie basse, il est soutenu, de part et d’autre, par deux putti en albâtre en ronde-bosse. La peinture, une Vierge à l’enfant, est de Carlo Maratta.

 

Les murs latéraux de la chapelle comportent chacun un mémorial aux membres de la famille Da Sylva. Ils sont composés d’un cartouche rectangulaire, en marbre blanc et en bas-relief, représentant deux personnes, dans un cadre en jaspe rouge entouré d’un grand drap froissé de marbre noir. A droite, le cartouche est surmonté d’un portrait en bas-relief dans un tondo ovale, et il est encadré des bustes de deux allégories, en marbre blanc et en bas-relief, de la Paix, à gauche, représentée avec un rameau d'olivier, et de la Justice, à droite, avec des faisceaux qui symbolisent le pouvoir de contraindre (baguettes de bois et hache). La composition générale est semblable à gauche, mais le tondo contient un buste. Les deux allégories encadrant le cartouche sont la Charité à gauche et la Vérité à droite, toutes deux seins nus. L’iconographie artistique, depuis la Renaissance, représente ainsi la Vérité [3] (elle n’a rien à cacher !) et la Charité qui presse son sein pour le donner à ses enfants, voire à un vieillard décharné (la Charité romaine). Dans le bas-relief, la Charité a le sein généreux qu’elle presse tout en souriant… et les moines irlandais, perturbés, ont fait couvrir, en 1863, ces « seins qu’ils ne sauraient voir » par un vêtement de bronze (enlevé lors de la restauration de 2002). Avec la Vérité du cénotaphe d’Alexandre VII (basilique Saint-Pierre), elle aussi à la poitrine recouverte, ce seraient les seules œuvres du Bernin qui auraient été censurées.

 

En 1809, six étudiants de l'Académie de Vienne, influencés par le mouvement romantique, souhaitèrent refonder l'art en s’appuyant sur les valeurs spirituelles et morales du christianisme. Ils s’installèrent dans le couvent abandonné après l’occupation française et, menant une vie et s’habillant comme les peintres primitifs italiens, ils furent surnommés Nazaréens, le nom restant finalement à cette école de peinture. Ils se dispersèrent quand les Franciscains récupérèrent leur couvent. Cette occupation valut son nom à la rue : Via degli Artisti (rue des artistes).

 


[1] Site Romanchurches. « Sant’Isidoro a Capo le Case ». 

[2] Roberto Papini. « Paolo Valentino Bernini ». Enciclopedia Italiana. 1930. Les seules œuvres connues de lui sont la décoration de la chapelle Da Sylva et un des anges du pont Saint-Ange.

[3] Martine Vasselin. « Le corps dénudé de la Vérité ». In « Rives nord-méditerranéennes ». n°30. 2008,

 

Liste des promenades dans Rome et liste des promenades dans Ludovisi

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