Sallustiano - Un quartier d'administrations (8/11). La disparition de la porta Salaria !
L’enceinte d’Aurélien – Heurs et malheurs récents de la Porta Salaria
Les incursions de plus en plus fréquentes de « barbares » [1] (pour les Romains de l’antiquité, tous les « non-romains » : les Alamans, les Francs, les Alains, les Goths, Wisigoths et Ostrogoths, les Vandales, les Lombards, les Slaves, etc.) au sud du Danube, parfois jusqu’en Italie du Nord sous Gallien (260 / 268), Claude le Gothique (268 / 270) et même d’Aurélien (270 / 275) faisaient craindre une attaque sur la capitale de l’Empire. Les travaux d’érection d’une nouvelle enceinte fortifiée commencèrent vers 272 et durèrent onze ans, sous le règne de plusieurs empereurs successifs compte-tenu que les empereurs mouraient de plus en plus rarement de vieillesse dans leur lit (Aurélien assassiné en 275, Tacite en 276, Florien en 276, Probus en 282, Carus en 283, Numérien en 284…) ! Le tracé de l’enceinte, dite d’Aurélien, est irrégulier avec des saillants importants. C’est que son pourtour coïncide avec le développement de l’agglomération romaine en dehors de l’enceinte de Servien (IVe siècle av. J.C) et qu’il tient compte de points d’appui : la colline du Pincio au nord, la caserne de la garde prétorienne (près de la Porta Pia), la colline Praenestina à l’est, la pyramide de Cestius au sud, la colline du Janicule à l’Ouest. Au total, 19 kilomètres de long de 10 mètres de haut, percée de 17 ou 18 portes flanquées de deux tours semi-circulaires, et comprenant une tour quadrangulaire tous les vingt pas (30 mètres environ). EN 401 / 402, le mur d'enceinte est surélevé, avec un chemin de ronde couvert (photo), les tours surhaussées et couvertes d’un toit de tuiles.
La porta Salaria tire son nom de la route à laquelle elle donne accès, la via Salaria, empruntée par les Sabins qui rapportaient le sel récolté à l'embouchure du Tibre (du côté de Fiumicino), mais aussi de la côte adriatique. La porta Salaria ne reçut pas un nom chrétien au cours du Moyen-âge probablement parce que le trafic du sel était encore important. En 275, dans le mur d’Aurélien, la Porta Salaria était des plus simples, une arche de pierre surmontée de rangées de briques, flanquée de deux tours semi-circulaires. Au début du Ve siècle la porta Salaria a été renforcée, surélevée avec la création de trois fenêtres à arc au-dessus de la porte ; il est possible qu’une des deux tours ait été rebâtie car celles-ci ne faisaient plus alors le même diamètre. Extérieurement, côté oriental, le mur présente l'unique latrine suspendue qui a été préservée sur les 260 que comptait autrefois l’enceinte. En hauteur, elle est constituée d'une saillie hémicylindrique reposant sur deux consoles de travertin ; les déjections tombaient simplement dans le fossé situé au pied du mur.
Le mur d’Aurélien servit à plusieurs reprises de rempart défensif même s’il ne contint pas toujours tous les assauts des assaillants : les Wisigoths en 410, les Vandales en 455, les Goths de Vitigès en 536 et 537 / 538, les troupes impériales de Charles Quint en 1527, le corps expéditionnaire français en 1849 ! Son dernier acte de résistance date de 1870. Le 20 septembre la section du mur d'Aurélien située entre les Porta Pia et Salaria, derrière la villa Paolina, a été bombardée pendant cinq heures par les troupes royales qui ont ouvert une brèche permettant d’investir Rome et mettant ainsi fin au pouvoir temporel des papes. Mais, comment un mur, imaginé et construit 1 600 ans plus tôt, aurait-il pu résister longtemps aux nouvelles armes inventées par les hommes ? Le bombardement fut si violent que la porta Salaria était également très endommagée et qu’il fallut la détruite l’année suivante. En 1873, la muraille était reconstruite ornée d’une nouvelle porte Salaria, une sorte d’arc de triomphe avec une grande arche de pierre, de style classique, intégré dans le mur de briques. L’ensemble devait être détruit une nouvelle fois en 1921 afin de faciliter le trafic automobile qui avait le plus grand mal à s’écouler au travers de l’ouverture trop étroite de la porte.
Désormais, la porte Salaria n’est plus qu’un souvenir, une ouverture béante dans la muraille donnant largement sur la piazza Fiume située hors les murs, bref un carrefour routier très fréquenté. Juste avant de passer la muraille, côté oriental intérieur, il y a un ensemble de constructions d’origines diverses dont une copie d’un monument funéraire romain, juchée sur un piédestal, et découvert lors de la destruction de la porta Salaria. C’est celui de Quinto Sulpicio Massimo, un poète de onze ans ! En 94 après JC, avec une ode à Phaéton, il avait brillamment participé aux troisièmes rencontres poétiques Capitolines, un concours impromptu de poésie grecque.
[1] Il faudrait plutôt parler d'une migration de peuples, plus ou moins pacifique, sur une période longue.
Arte. « Faire l'Histoire - Les invasions barbares, la construction d'une légende ». 02/12/2022.
« Balivernes – Idées reçues. Les invasions barbares ont mis le pays à feu et à sang ». Site INRAP.
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