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Notes d'Itinérances
5 janvier 2019

Iran - Histoire et architecture (2/19). Mèdes, Perses et Achéménides (- 559 / - 330) - Persépolis.

Une architecture imposante - Des origines diverses

 

 

Nos plus anciens souvenirs d’école sur les civilisations qui se sont succédées quelque part du côté du Tibre et de l’Euphrate remontent généralement aux Achéménides, cette dynastie Perse qui régna entre – 559 et – 330, et contre laquelle luttèrent les Grecs à Marathon (- 490) puis dont Alexandre le Grand occupa et détruisit l’empire. Peut-être, les plus cultivés d’entre nous se souviennent-ils aussi des péripéties du voyage d’Astérix et Obélix en Orient [1] ? Nos deux valeureux Gaulois, nos ancêtres donc (comme chacun sait ou croit savoir), y rencontrèrent successivement, dans un désert assez improbable, Sumériens, Akkadiens, Assyriens, Hittites et Mèdes. C’était un raccourci historique audacieux qui permettait en quelques images humoristiques de compresser 3 000 ans d’invasions, d’expansions et de disparition d’empires et de civilisations prestigieuses entre – 3 500 et – 600, sans parler de leurs résonnances contemporaines ! Une période au cours de laquelle, dans cette région du monde, les hommes eurent l’occasion de faire quelques inventions utiles : la ville, la roue, la voûte en berceau, l’administration, la comptabilité, l’écriture, l’histoire, et j’en passe !

 

A nous, Européens, qui sommes souvent à la fois ignorants de l’histoire des autres civilisations humaines et héritiers d’un terrible complexe de supériorité, la visite de Persépolis nous rappelle que, dans cette région, s’est développé l’immense empire perse qui s’étendait de la mer Egée à l’Indus. Il comprenait vingt-trois provinces où chaque peuple parlait sa langue, pratiquait sa religion, suivait ses coutumes ; elles étaient traversées par des routes royales parfaitement entretenues, comprenant des relais avec hôtelleries. Une administration royale prélevait l’impôt et gérait l’empire.

 

« Certes Marathon et Salamine, qui sauvent la Grèce, sont aujourd’hui encore nos victoires, mais nous sommes aussi, en même temps, les héritiers de ces empires persans qui ont fait se rencontrer l’Orient et l’Occident » [2].

 

Cyrus II (- 559 / - 530) fonde le royaume Perse en intégrant les traditions culturelles et artistiques des Mèdes et des autres peuples de l’empire. Les palais sont érigés sur des terrasses, leurs fondations sont sur socle de pierre. Ils sont composés de vastes salles quadrangulaires, comprenant de nombreuses colonnes de pierre, fines et espacées, sans nef centrale, toutes les nefs ayant la même largeur et toutes les colonnes étant identiques ; les salles hypostyles sont couvertes de toits plats supportés par des poutres de bois. Les salles sont disposées autour de cours à ciel ouvert [3]. Le décor est composé d’imposants bas-reliefs, à la taille très fine, d’une symétrie remarquable tout en intégrant des éléments iconographiques permettant d’identifier des éléments symboliques et familiers.

 

Les éléments de cette architecture sont d’origines diverses : les terrasses sont originaires de Mésopotamie, les cannelures des colonnes de Grèce, la base des colonnes en forme de cloche d’Egypte, la sculpture en bas-relief de l’Elam, les majestueux taureaux androcéphales gardiens de portes et les modèles de bas-reliefs d’Assyrie. Les chapiteaux des colonnes sont originaux, constitués de deux protomés [4] adossés, demi-chevaux, demi-taureaux ou demi-griffons, entre lesquels reposaient les poutres.

 

A l’époque de Darius Ier (-521 / - 486), des tombeaux rupestres ont été réalisés à flanc de  montagne près de Naqsh-e Rostam et de Persépolis. Ils sont creusés dans le roc et, en façade, pour chacun d’eux, est sculptée une représentation d'un palais avec quatre colonnes encadrant la porte sous un défilé de soldats. En haut, dans une niche, le roi se tient debout sur une estrade. Il est dominé par l'emblème d'Ahura Mazda.

 

A Pasargades, fondé par Cyrus II, on peut aussi retrouver les traces du vaste jardin autour duquel étaient disposés les différents palais et des pavillons. De forme rectangulaire, il comprend quatre parterres, entourés de canaux et délimités par deux canaux se croisant à angle droit… comme dans tous les jardins persans qui vont suivre.

 


[1] Uderzo. « L’odyssée d’Astérix ». 1981.

[2] Claudio Magris. « L’eau et le désert ». In « Trois Orients ». 2005.

[3] Massoumeh Amiri. « L’architecture à l’époque des Achéménides ». La revue de Téhéran. N°22. Septembre 2007.

[4] Protomé : représentation en avant-corps d'un animal réel ou fictif.

 

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