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Notes d'Itinérances
19 février 2023

Trastevere et Lungaretta (16/19). La Piazza di Sant’Egidio in Trastevere.

Un monastère transformé en musée

 

 

A droite de Santa Maria in Trastevere, s’ouvre la via della Paglia puis, à droite, la piazza di Sant’Egidio. Elle tire son nom de l'église qui s'y dresse et qui est dédiée à Gilles, un ermite du VIIIe siècle ayant vécu dans le Languedoc, saint patron des estropiés. Une première église avait été construite en 1610 en lieu-et-place d’une petite église préexistante dédiée à San Lorenzo. Elle jouxtait le cloitre d’un couvent de moniales et son église, construite en 1628, dédiée aux saints Crispino et Crispiniano… Deux églises côte à côte, en sandwich entre Santa Maria in Trastevere et Santa Maria della Scala, cela faisait beaucoup. Il fut donc décidé de détruire les deux églises pour en construire une nouvelle, en 1632, consacrée à Sant’Egidio, à l’emplacement de celle de Crispino et Crispiano [1]. L’argent ne manquait pas à l’époque pour construire, démolir et reconstruire des églises ! 

 

La façade de Sant’Egidio est haute et étroite, entourée de gigantesques pilastres superposés qui supportent un entablement et un fronton triangulaire en forte saillie. La porte est surmontée d’un fronton curviligne quand la fenêtre située au-dessus l’est d’un fronton triangulaire. L’intérieur est à une seule nef. À droite de l’entrée, le monument à Petronilla Paolina de' Massimi, poétesse, est composé d’un sarcophage surmonté d’un obélisque stylisé, en bas-relief, avec deux angelots (1663). Petronilla Paolina de' Massimi avait osé intenter une action en justice contre son mari pour faire reconnaître la légitimité de sa séparation et retrouver son patrimoine ! Sans succès.

 

A la jonction entre la place et la via della Scala, sur le mur latéral de l'église de Sant’Egidio, se trouve l'une des plus grande madonelle romaine, la « Madonna del Carmelo ». L'image, de style baroque, représente la Madone assise sur les nuages et les bras levés vers le ciel. Des anges et des putti l’entourent. La peinture est entourée d’un cadre baroque en stuc, couleur ivoire. En dessous, il comprend une étagère avec un cartouche entouré de volutes, de chaque côté de fins pilastres se terminent avec une décoration de festons de fleurs et une tête de putto. L’ensemble est protégé par un dais en bois, en forme de chapiteau semi-circulaire et pointu.

 

Après l’insertion de Rome dans le royaume d’Italie en 1870 et l’application des lois de 1866 et 1867 sur la suppression des ordres et congrégations religieuses et la confiscation des biens des organismes religieux, le monastère a été exproprié par l'État[2]. En 1875, le complexe architectural a été divisé en plusieurs bâtiments auxquels ont été attribués des destinations différentes ; une partie concédée à la Municipalité de Rome était transformée en caserne des gardes municipaux, puis en tribunal d'instance ; une autre partie est devenue un lazaret pour les réfugiés du tremblement de terre de Marsican, puis un abri pour les soldats malades de la Grande Guerre, enfin un sanatorium pour les enfants atteints de paludisme, une maladie jusqu’alors endémique dans la ville. Avec la disparition de la malaria par suite de l’assainissement de la vallée du Tibre, la réalisation de quais maçonnés et l’amélioration des réseaux d’assainissement, le paludisme a disparu et les locaux de l’ancien couvent ont été attribués au musée de la ville de Rome. D’abord spécialisé dans le folklore et la poésie, le musée est désormais consacré à la vie des Romains jusqu’à l’époque contemporaine[3]. Le musée organise de grandes expositions photographiques thématiques dans l’objectif d’être un pôle de dialogue entre les cultures, par exemple les expositions « Le paysage italien, Photographies 1950 – 2010 », « La Fabrica del Presente », « Rêveurs. 1968 : comment nous étions, comment nous serons » ou, en 2022, « Années intéressantes. Moments de la vie italienne 1960 – 1975 ».

 

En face du couvent, le palazzo Velli a été construit à la fin du XVe siècle. La façade comprend deux étages, de six fenêtres chacune, avec des encadrements de marbre.

 

La « Trattoria degli Amici » (le restaurant des amis), est tenu par une coopérative de la communauté de Sant’Egidio afin d’employer des personnes handicapées.

 


[1] Site Roman Churches. « Sant’Egidio in Trastevere ». Site internet.

[2] Le décret royal 3036 du 7 juillet 1866, supprimant les ordres et congrégations religieuses (en exécution de la loi 2987 du 28 juin 1866), et la loi 3848 du 15 août 1867, ordonnant la confiscation des biens des organismes religieux, sont restés en vigueur jusqu’aux accords du Latran de 1929.

[3] Museo di Roma in Trastevere. Intéressantes aquarelles au premier étage rendant compte de l’urbanisme de la ville avant les éventrations royales puis mussoliniennes.

 

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