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Notes d'Itinérances
17 janvier 2019

Iran - Histoire et architecture (8/19). Les Seldjoukides (1038 / 1194) - La Mosquée du Vendredi (Ispahan).

La structure particulière des mosquées iraniennes

 

 

Après avoir atteint son apogée sous Hâroun ar-Rachîd, la puissance politique des Abbassides diminue et ils finissent par n'exercer qu'un rôle purement religieux. A partir du IXe siècle se développent plusieurs royaumes, plus ou moins autonomes, les Tâhirides au Khorāsān (IXe), les Samanides qui développent la langue persane, les Bouyides (Xe) qui créent le premier royaume musulman iranien (sunnite), puis les Seldjoukides, des nomades turcs d’Asie centrale, au XIe siècle. Sous le règne des Seldjoukides plusieurs innovations architecturales font leur apparition, la mosquée dite persane et les madrasas.

 

De la mosquée arabe, la mosquée persane conserve la cour rectangulaire à ciel ouvert et la salle hypostyle, mais elle conjugue ces éléments avec les traditions locales, notamment des palais et temples parthes et sassanides, le pavillon à coupole (tchahar-taqs), l’iwan et les voutes. La cour, plus ou moins rectangulaire, est entourée par quatre iwans placés en vis-à-vis, avec au centre un bassin pour les ablutions. Dans la direction de La Mecque, l’iwan est suivi d’une construction à coupole sur trompes dont le mur du fond est occupé par le mihrab. Ces éléments seront utilisés avec différentes variations dans la construction de grandes et petites mosquées, madrasas, caravansérails, monastères soufis et palais. Construites en briques, les mosquées sont simplement ornées de motifs géométriques obtenus par l’agencement des briques, ces motifs peuvent notamment comprendre des calligraphies géométriques en style coufique.

 

La mosquée du Vendredi à Ispahan est l’illustration de la mosquée de plan persan et rend compte des évolutions de l’architecture des mosquées persanes pendant plus de 800 ans, des Seldjoukides aux Qâdjârs. Elle est le plus ancien édifice religieux ayant adopté la configuration des palais sassanides avec une cour fermée, à quatre iwans situés chacun au milieu des côtés de la cour, devenant ainsi la construction prototype utilisée par la suite pour la conception de mosquées à travers toute l'Asie centrale [1].

 

Le monarque seldjoukide Malek Chah lança la construction du pavillon à coupole Sud qu’il fit surveiller par son ministre Nezam al-Molk, lequel donna son nom à la mosquée. Sur une base à plan carré, est posée une forme polygonale par l’intermédiaire de trompes à muqarnas [2], donnant ainsi une base circulaire à la coupole dont le diamètre mesure 15 m. La construction de la coupole, réalisée en 1086-1088, fut également une source d’innovation par la réalisation d’une double coque à nervures. Une deuxième coupole de plus petite taille, bâtie suivant la même technique, est située au Nord de la mosquée, porte le nom de Taj al-Molk, adversaire et successeur de Nezam al-Molk. Ces deux structures qui étaient initialement des éléments isolés furent reliées, par la suite, aux parties hypostyles de la mosquée.

 

Après l’incendie de 1121 qui détruisit la majeure partie des façades sur la cour, et pour rendre la mosquée plus magnifique, on introduisit les quatre iwans lors de sa reconstruction. Ce fut donc la première tentative pour intégrer des iwans dans des structures religieuses de l’islam. Cette innovation changea radicalement l’équilibre de la conception architecturale de la mosquée.

 

Autre caractéristique intéressante de la mosquée, les 484 voûtes de ces différentes salles hypostyles, les plus anciennes datant des Seldjoukides (de part et d’autre des coupoles Nord et Sud), et constituant autant de petites coupoles plates sur le toit de la mosquée. Ces voûtes, reposant sur des piliers circulaires de briques, utilisent près de 50 techniques différentes de disposition des briques pour permettre de passer du plan carré séparant les piliers à la forme ronde des coupoles.

 

Les Seldjoukides vont favoriser l’installation de lieux spécifiques d’enseignement, les madrasas, indépendant des mosquées. L’objectif était de favoriser la formation des fonctionnaires de l’empire dans les domaines de la théologie, du droit, mais aussi des mathématiques, de l’astronomie, de la littérature. Le plan des madrasas est similaire à celui des mosquées persanes avec des chambres pour les étudiants situées autour de la cour centrale à ciel ouvert.

 


[1] UNESCO. « Masjed-e Jāme’ d’Ispahan ». Liste du patrimoine mondial de l’Humanité. 2012.

[2] Alvéoles en encorbellement ou en stalactites dans l’architecture musulmane.

 

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