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Notes d'Itinérances
2 avril 2019

Les tableaux du Caravage à Rome (17/21). N°9 - Galerie Corsini – Saint Jean-Baptiste.

Saint-Jean-Baptiste sans ses attributs habituels - Un centre de recherches consacré au Caravage

 

 

 

 

Un autre Saint-Jean-Baptiste du Caravage se trouve dans la collection d’art antique du palais Corsini [1], dans le quartier du Trastevere, avec une version très différente des autres. Il s'agit de l'un des deux Saint-Jean-Baptiste qui auraient été peints par Caravage en 1604, voire 1605. 

 

Rappelons que Jean est le cousin de Jésus ; il vit en ermite dans le désert de Judée habillé d’un vêtement en poils de chameau, il mange des sauterelles et du miel sauvage. Il pratique le baptême de repentir et c’est lui-même qui baptise Jésus dans le Jourdain. Ses attributs sont généralement la tunique en poils de chameau, la croix de roseau et l'agneau. 

 

Sur cette œuvre du Caravage, le jeune homme est difficilement reconnu comme étant Baptiste car ses symboles habituels sont à peine suggérés (tunique et croix) ou absents (agneau).On retrouve néanmoins le goût du Caravage avec les oppositions de couleurs franches (le torse, le drapé), le clair-obscur, les compositions en diagonales, les représentations de jeunes hommes. Les études au rayons rouges et les radiographies ont mis en évidence les repentirs du peintre : Saint-Jean-Baptiste était tourné vers un agneau, à droite du tableau, mais celui-ci a finalement été recouvert d’une peinture sombre. Son attribution au Caravage est toutefois contestée.

 

A Rome, en 2017, le musée de la Galerie Borghèse et la maison de luxe Fendi ont annoncé la création d'un centre d'études et de recherches consacré au Caravage, le Caravaggio Research Institute. Il s'agirait de créer une plate-forme numérique capable d'héberger une base de données en ligne sur l'artiste, source d'informations et de mises à jour bibliographiques, archivistiques, philologiques, historiographiques et iconographiques, dotée d'un système de recherche diagnostique numérique. Il est également prévu de créer un centre d’étude et de recherche axé sur le Caravage et ses œuvres [2]. L'objectif premier reste de lutter contre l'attribution erronée d’œuvres au célèbre peintre italien car, ces dernières années, plusieurs cas de « découverte » de tableaux du Caravage posent question.

 

En 2004, à l’occasion de la restauration de « La vocation de saint Pierre et de saint André », un tableau retrouvé dans les entrepôts de la Cour royale, l’œuvre a été attribuée au Caravage, donnant lieu à des expositions internationales sur le thème du Caravage de la Reine. Mais, en 2009, les responsables de la Collection royale ne l'intègrent plus à leur catalogue Caravage ! Dans l’église Saint-Antoine de Loches, auraient été découverts deux Caravage, le « Repas chez Emmaüs » et « L’incrédulité de saint Thomas ». Après restauration en 2005, l’étude des tableaux montrerait que les pigments de peinture correspondraient à ceux qu’utilisait Le Caravage. S’il s’agit peut-être d’œuvres originales, elles peuvent être aussi des copies réalisées par le peintre lui-même [3]. En 2014, un « Judith et Holopherne » a été retrouvé par hasard, dans un grenier près de Toulouse. Si certains experts jugent qu'il est un authentique Caravage, d'autres pensent qu'il s'agit d'une copie. C’est un tableau qui avait disparu, dont on savait qu''il avait été peint en 1607, mais qui n’est connu que grâce à une copie réalisée par un peintre flamand, Louis Finson. En conséquence, est-ce une autre copie de Finson, une copie du Caravage ou un original du Caravage ? Enfin, en 2014 toujours, la presse révélait que la plus grande spécialiste contemporaine du Caravage, Minna Gregori, élève de Roberto Longhi, avait retrouvé l’original de la « Madeleine en extase » [4].

 

Il existe aujourd’hui plus de soixante-dix œuvres du Caravage reconnues (pour Roberto Longhi en 1968) et une vingtaine d’œuvres contestées. Le dénombrement s’avère difficile dans la mesure où certains tableaux sont jugés authentiques par quelques experts alors qu’ils sont considérés comme des copies par d’autres. Dans tous les cas, les œuvres du Caravage sont peu nombreuses, comparées par exemple aux plus de 400 qui sont répertoriées pour Rembrandt. Comme Le Caravage a une place particulière dans l’histoire de la peinture et qu’il a peint seulement pendant une quinzaine d’années, chacune des œuvres découvertes a une valeur artistique (mais aussi fiduciaire !) importante.

 


[1] Galerie Corsini – Du mercredi au lundi de 8h30 à 19h.

[2] Présentation du projet sur le site de la maison Fendi.

[3] Loches (Indre-et-Loire), galerie Saint-Antoine. « Les Caravage de Philippe de Béthune».

[4] Présentée à Paris au musée Jacquemart-André dans l’exposition « Caravage à Rome. Amis et ennemis » (21 / 09 / 2018 – 29 / 01 / 2019) avec la « Madeleine en extase » dite Klein.

 

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