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Notes d'Itinérances
8 septembre 2021

Algérie au coeur (26/42). La Mitidja et Blida.

Une placette délicieuse dans un environnement de plomb fondu

 

 

« Sous une grelottante rosée la plane Mitidja s’irisait ; il semblait que coulât vers elle, émanant du flanc des montagnes, l’azur » [1].

 

En août, la Mitidja est un chaudron où l’on mijote dans la torpeur solaire. Pas de grelottante rosée, mais une touffeur desséchante et un ciel de plomb fondu qui écrase les reliefs et les hommes. Les champs de chaumes de céréales, s’étendent à perte de vue, sans arbre ni buisson. Aujourd’hui des vergers d’agrumes, d’amandiers ou de pêchers commencent à être plantés, protégés par des haies de thuyas, de peupliers ou d’eucalyptus, en lieu et place des céréales. 

 

Aux environs des villages, les canaux en béton qui parcourent la plaine pour irriguer les parcelles sont utilisés comme piscine par tous les gamins.

 

Curieusement, dans cette plaine sans limites, sans haies ni bosquets, sans âme qui vive entre deux villages très éloignés l’un de l’autre, dès que vous vous arrêtez au bord de la route, il surgit toujours un individu, venu d’on ne sait où et qui, curieux, s’approche de vous. L’un d’eux débouche même avec un magnifique sac de plastique en vichy rose du magasin « Tati » de Barbès.

 

« Blidah ! Blidah ! Fleur du Sahel ! Petite rose ! Je t’ai vue tiède et parfumée, pleine de feuilles et de fleurs. (...) Dans ton jardin sacré luisait mystiquement ta mosquée blanche et la liane ployait sous les fleurs » [2].

 

Blida fût fondée par les Morisques, les Maures expulsés d’Espagne en 1630. Pendant la période française c’était une ville de garnison militaire dont le plan rappelle celui des colonies romaines : de forme carrée, avec deux larges avenues se croisant en son centre, bordées d’arbres, et conduisant aux quatre côtés de la ville, des rues secondaires se coupant à angle droit. Au centre, une vaste place, elle-même carrée, entourée d’arbres sous lesquels sont installés chaises, guéridons et parasols des cafés. Au milieu de la place, dallée de vastes carrelages blancs, un adorable petit kiosque à musique octogonal, aux colonnettes de pierre, aux arcades décorées d’arabesques, et au centre duquel pousse un palmier !

 

« ... une place de jolie sous-préfecture, place régulière entourée d’arcades et plantées d’orangers... (...) C’était charmant... » [3]

 

Cet aspect en apparence paisible et familial de l’impérialisme français n’est toutefois pas apprécié de tous les visiteurs ! Certains soulignent au contraire les « ...laideurs du centre ville et de sa place d’Armes provinciale et coloniale » [4]. Curieuses contradictions pour cette petite ville d’apparence tranquille, familiale, de « bonnes mœurs » [5] notamment avec un écrivain qui sentait plutôt le soufre et qui aimait à fréquenter les jeunes garçons de Blida. Mais Blida, dans le passé, n’avait-elle pas été le lieu de débauche des janissaires turcs ?

 

MEDEA. 5 juin 1997. Une
bombe  explose au cimetière
de  Ouzera lors de la
cérémonie de recueillement à
la mémoire des morts de la
guerre. Trois morts. Le soir un
groupe armé investi le village
et massacre 18 villageois.
 

[1] André Gide. « Amyntas ». 1903.

[2] André Gide. « Les nourritures terrestres ». 1897.

[3] Alphonse Daudet. « Tartarin de Tarascon ». 1872.

[4] Jean Daniel. « Arrêts sur images ». In « Une enfance algérienne ». 1997.

[5] Dore Ogrizek. « L’Afrique du nord ». 1952.

 

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