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Notes d'Itinérances
2 mai 2023

Rome, étrange et curieuse (33/45). Rione Borgo XIV (3) Vatican - L’esprit de César s’est échappé - Place Saint-Pierre.

Les cendres de César enfermées dans la boule sommitale d'un obélisque !

 

 

 

[1]          Sur le côté droit de l’ancienne basilique Saint-Pierre, de Maxence et Constantin, l’obélisque qui décorait la spina du cirque de Caligula et de Néron était demeuré à sa place d’origine, le seul des obélisques antiques à être resté dressé. C’est un obélisque d’origine égyptienne mais faute d’inscriptions hiéroglyphiques, l’hypothèse retenu est qu’il proviendrait du temple d’Amon-Rê à Héliopolis. Il est attribué au pharaon Amenemhat II. Auguste l’aurait ensuite fait ériger à Alexandrie, mais c’est Caligula qui, en 37, le fait transporter à Rome et dresser dans le cirque. L’obélisque était dénommé « l'aiguille de saint Pierre » selon la tradition qui veut que Pierre aurait été crucifié la tête en bas, sur la spina du cirque, vers 64, sous le règne de Néron. Le corps de saint Pierre aurait ensuite été inhumé à proximité. Le lieu du supplice et d’inhumation de Pierre, définis par la tradition, ont déterminé le lieu d’érection de la première basilique, au IVe siècle, à proximité de l’obélisque. 

 

Sixte Quint Peretti (1585 / 1590) reprend l’idée évoquée par ses prédécesseurs du transfert de l’obélisque devant la basilique. L’obélisque était aussi connu sous le nom de « tombeau de César » parce qu’une légende voulait que la sphère en bronze doré, située à son sommet (photo), renfermait les cendres de Jules César ! Bien évidemment, Sixte Quint fait enlever la sphère pour la remplacer par une représentation de plusieurs monts dominés par une étoile (les armoiries de Sixte V), avec par-dessus une croix symbole de la victoire de la chrétienté sur le paganisme et l’hérésie ! La légende raconte que le souverain Pontife aurait fait percer la sphère pour savoir ce qu’elle contenait, mais les cendres se seraient alors dispersées dans l’air et l’esprit de César aurait été libéré ! A partir de cette date, le fantôme de César aurait été aperçu dans les ruines du forum…

 

Mais ce n’est pas la première fois qu’apparaissait le fantôme de César si l’on en croit William Shakespeare ! Dans sa pièce de théâtre « Jules César », il fait se rencontrer Brutus et le fantôme de César. 

 

« Brutus - Que ce flambeau éclaire mal ! (Entre l’ombre de Jules César.) Ah ! qui entre ici ? C’est apparemment la faiblesse de mes yeux qui produit cette horrible vision ! — Il s’avance sur moi ! — Es-tu quelque chose ? Es-tu quelque dieu, quelque ange ou quelque démon, toi qui glaces mon sang et fais dresser mes cheveux ? Parle-moi, qui es-tu ?
L’ombre de César — Ton mauvais génie, Brutus »
Brutus — Pourquoi viens-tu ?
L’ombre de César — Pour te dire que tu me verras à Philippes » [2].

 

Ce n’est que quatre-vingt ans après avoir déplacé l’obélisque que la place Saint-Pierre sera bâtie, entre 1656 et 1667. Le génie du Bernin est d’avoir dessiné une très grande place pour accueillir les pèlerins, en respectant les éléments présents (la basilique, l’obélisque et la fontaine de Carlo Maderno), en limitant les démolitions coûteuses de bâtiments et en évitant les effets d’horizontalité de la façade alors jugés excessifs. Il imagina une place composée de deux parties : l'une, en trapèze inversé sur le modèle de la place du Capitole dessinée par Michel-Ange, s'ouvrant vers la basilique pour rétrécir visuellement la largeur de la façade ; l'autre, organisée selon deux demi-cercles dont les centres sont situés de part et d’autre de l’obélisque central. L'unité de l'ensemble est assurée par les portiques, à colonnes toscanes, sur quatre rangées, disposés en deux branches ouvertes à l'Orient. 

 


[1] La photo ne représente pas la partie sommitale de l’obélisque de la Place Saint-Pierre (Vaticano) mais celle de l'obélisque des jardins Mattei (obélisque Matteiano, jardin Celimontana, Rione Celio) car c’est le seul obélisque de Rome qui a conservé sa décoration sommitale romaine avec un globe de bronze. La légende veut également que le globe qui est à son extrémité contenait les cendres d’un empereur romain, celles d'Auguste !

[2] Shakespeare. « Jules César ». Acte IV Scène III. 1599. C’est dans la plaine de Philippes que les armées de Brutus furent vaincues par les Triumvirs qui souhaitaient, entre autres, venger la mort de César.

 

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