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Notes d'Itinérances
9 juillet 2023

Campitelli - Le tour du Forum (23/25). Santa Maria della Consolazione.

Une église bien esseulée au milieu d’un parking

 

 

Après le miracle de 1470 au cours duquel un condamné à mort par pendaison, clamant son innocence, avait mystérieusement été soutenu lui évitant la mort, la petite église confiée à la Confrérie de Santa Maria delle Grazie reçut la visite de nombreux pèlerins pour vénérer l'icône miraculeuse. Leurs dons permirent à la confrérie de fonder un hôpital et une église plus grande, en 1583, en préservant les chapelles de l’église antérieure. Les chapelles Mattei et Pelucchi ont ainsi été incorporées, telles quelles, dans le nouvel édifice. Après avoir reconstruit le corps de l'église, la Confrérie agrandit le bâtiment principal de l'hôpital situé à côté de l'abside. Au XVIIe siècle, une pharmacie et un théâtre d'anatomie y ont été ajoutés. L'hôpital était réputé en matière d'innovation chirurgicale et d'étude de la médecine. A la fin du XIXe siècle l’hôpital a fusionné avec le Pio Istituto di San Spirito et l'Ospedali Riuniti, puis a fermé en 1936.

 

La façade de l’église, interrompue à la hauteur de l'architrave par la mort de l’architecte Martino Longhi l’ancien en 1591, a été complétée en 1827 par Pasquale Belli [1]. Le premier niveau de la façade comporte un large groupe central correspond à la nef, au centre, et ses deux bas-côtés de part et d’autre, et deux parties légèrement en retrait concordant aux chapelles latérales. Ces différentes parties sont soulignées par huit pilastres ioniques, dont deux paires jointes flanquent la porte centrale. Le tout est couronné par un entablement accentué. Le deuxième étage reprend les deux paires de pilastres ioniques de la partie basse central, supportant un entablement et un fronton triangulaire. Ils encadrent une fenêtre rectangulaire sous un fronton courbe soutenu par une paire de colonnes. L’ensemble, régulier, rectiligne, lui donne un style classique avant l’heure. Quand, en 1943, toutes les maisons situées autour de l’église ont été démolies, le niveau de la rue a été considérablement abaissé, c'est pourquoi l'église est surélevée et reliée à la place par un imposant escalier d’accès. De plus, jusqu'à la fin du XXe siècle, la route qui passait devant l'église conduisait à la Via dei Fori Imperiali en longeant le temple de Saturne mais, pour préserver les ruines antiques, le passage a été supprimé. Le quartier, désormais très peu peuplé, s’est retrouvé hors des lieux de passage et de vie. L'église accueille peu de fidèles et de visiteurs et apparait bien esseulée.

 

L’église est à plan basilical avec une nef et ses bas-côtés, comportant cinq travées, séparées par des arcades à piliers rectangulaires. Les deux premières chapelles à droite sont issues de l'ancienne église, la Cappella Mattei est dédiée à la Crucifixion et à la Passion, ses fresques ayant été peintes en 1556 par Taddeo Zuccari (1529 / 1566). La seconde est la Cappella Pelucchi avec des œuvres maniéristes, un retable à la « Vierge à l'enfant intronisé » et des fresques, à gauche « L'appel de saint Pierre », à droite le « Martyre de saint André ». La troisième chapelle à droite, construite en 1583 par la Guilde des Bergers, dédiée à la Nativité, a été décorée par Giovanni Baglione (1566 / 1643), influencé et concurrent de Caravage. Notre-Dame possédait trois icônes miraculeuses ! La principale est située sur le maître-autel : Notre-Dame de la Consolation, dans une décoration de Giacomo Della Porta. L’icône daterait de la condamnation de Giordaniello degli Alberini et de son exécution en 1385, mais aurait été retouchée par Antoniazzo Romano à la fin du XVe siècle. La chapelle située à droite du maître autel est consacrée au sanctuaire de Notre-Dame de la Grâce, décoré de pierres polychromes et de l’icône miraculeuse (volée en 1960), conservée autrefois dans la petite église de Notre-Dame de la Grâce. La chapelle à gauche du sanctuaire est dédiée à Nostra Dama in Portico, avec une reproduction d’une autre icône miraculeuse qui se trouve actuellement à Santa Maria in Campitelli. 

 

En retournant vers la place de Venise, par la via del Teatro di Marcello, une haute maison ancienne et isolée témoigne, avec la tour de l’église située de l’autre côté de l’avenue, San Nicola in Carcere, des derniers éléments du château du XIIe siècle de la très riche famille des Pierleoni. Pier Leoni, décédé en 1128, était originaire d’une famille juive convertie au catholicisme ; allié du pape, il a occupé les plus hautes fonctions à Rome. L'édifice était situé via del Ricovero dans un quartier rasé par Mussolini pour créer son "autoroute urbaine" de la via della Mare (via del teatro di Marcello), il fut démoli en 1936 et reconstruit un peu plus loin en 1939 !

 


[1] Sites de Romanchurches et RomaSegreta. « Santa Maria della Consolazione ».

 

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