Testaccio - Un quartier-village (7/9). Place du Testaccio - La fontaine des amphores.

Une fontaine illustrant l’histoire du lieu – Une urbanisation progressive du rione au tournant du XXe siècle

En remontant la via Galvani, sur le mur de pignon d’un immeuble est représenté une peinture monumentale, The jumping wolf (Roa – 2014) [1].

La place du quartier est décorée, bien sûr, d’une fontaine des amphores (photo), construite par l'architecte Pietro Lombardi [2], en 1927, quelques années après la création officielle de la paroisse [3]. La fontaine est constituée d'amphores superposées au centre de quatre bassins rectangulaires disposés en croix. Ornés chacun du blason de la municipalité et couronnés d'une tête de bélier, ils présentent une amphore en bas-relief. La fontaine, en travertin, repose sur une base circulaire de cinq marches. Curieusement, les amphores représentées sont des amphores à vin, plus fines, alors que ce sont des amphores à huile qui composent le mont Testaccio, lesquelles sont plus rondes. A la suite de l’instabilité du sol, la fontaine avait été déplacée au nord du quartier, au centre du rond-point de l'Emporio puis, avec le transfert du marché local vers la via Beniamino Franklin, elle est retournée à son emplacement d’origine où elle a été réinaugurée en 2015. C’est un lieu tranquille où vous prendrez le temps de vous asseoir sur un banc et de découvrir la vie du quartier : les retraités viennent y lire leur journal, des jeunes y manger rapidement un burger, une vieille dame y promène ses chats dans une poussette, et les voisins s’échangent des nouvelles...

Dans le plan directeur de 1873, la plaine de Testaccio était destinée à être une zone d’entreprises, d’entrepôts et de maisons ouvrières. Un premier noyau de logements ouvriers (case alveare – maisons de ruelle) a été construit, par des particuliers, à partir de 1883, autour de la piazza Mastro Giorgio (piazza Testaccio). En 1909, une seconde phase de construction a été lancée par l'Istituto di Case Popolari (Institut des Maisons populaires), à l’ouest, entre la via Ghiberti et le Lungotevere, et confiée à l’architecte Giulio Magni pour réaliser des logements « décents à un coût abordable », en prenant en compte les impératifs d’aération, de lumière et d’hygiène avec un évier en béton, des murs en majolique et l'eau courante. Mais sans électricité, gaz, ni salles de bains, lesquelles étaient situées dans des espaces communs, au rez-de-chaussée [4]. Au nord-ouest, via Amerigo Vespucci, de 1914 à 1917, l'ICP a commandé plusieurs lots d’immeubles aux architectes Quadrio Pirani et Giovanni Bellucci, plus soignés, utilisant les briques et les faïences, avec des salles de bain dans les logements, mais aussi des espaces verts et des services communs (lavoir, étendoir) [5]. L'Istituto Romano Casa Popolari est intervenu dans la définition du zonage, l’érection des bâtiments institutionnels et de service : l’église Santa Maria Liberatrice 1908, l’école Edmondo de Amicis 1908, la caserne des pompiers 1929, le bureau de poste de la via Marmorata 1933) [6] et le réaménagement de la piazza Mastro Giorgio.

Suite au démantèlement des abattoirs, en 1975, la municipalité a développé des projets de revalorisation du quartier : création de la Cité des Arts au Mattatoio, installation de l’université Roma Tre, construction de la bibliothèque municipale Enzo Tortora, aménagement des places Santa Maria Liberatrice et Testaccio, ouverture d’un marché permanent. Plus de 8 000 personnes vivent à Testaccio, dans un quartier comprenant de nombreux logements sociaux, mélangeant origines, âges et statuts sociaux, faisant du Testaccio un village. Il semblerait que l’Agence Territoriale pour la Construction Résidentielle Publique de la Province de Rome (Azienda Territoriale per l'Edilizia Residenziale), qui gère les logements sociaux, serait très tentée de vendre ses logements et profiter de la requalification du quartier. Le quartier est agréable, vivant, mélangeant encore origines internationales et sociales, les âges, mais pour combien de temps encore ? Déjà, les locations aux touristes se développent et bars et restaurants de qualité se multiplient.

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[1] Marqué par une étoile sur le plan du quartier.

[2] Lombardi a créé d’autres fontaines sur des thèmes en lien avec les caractéristiques des quartiers de Rome : Fontaine des Livres (Rione Sant'Eustachio, lieu de la première université de Rome), Fontaine des Artistes (Rione Campo Marzio lieu d’ateliers de peintres), Fontaine de la Pomme de pin Rione Pigna (pomme de pin)…

[3] Sovrintendenza capitolina ai beni culturali. « Fontana delle anfore ». Site web.

[4] Simonetta Mariani et Patrizia Coppola. « A Roma, itinerario a piedi nel Rione Testaccio ». TCI. 23/04/2020.

[5] C’est au n°41 de la Via Vespucci qu’a vécu la jeune Elsa Morante (plaque à gauche du portail).

[6] Roma Tre. « Archivio Urbano Testaccio ». Dipartimento di architettura. Sd.

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