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Notes d'Itinérances
21 novembre 2023

Viêt-Nam - 1995 / 2023 (1/27). Août 1995 / Octobre 2023.

En 1995, un pays affaibli par de multiples conflits

 

 

Avec mon épouse et ma fille, nous avions organisé un premier voyage de 18 jours au Viêt-Nam, en 1995, du nord au sud, avec l’aide d’une petite agence de voyage spécialisée disparue depuis (Asika). A l’issue du voyage j’avais rédigé un texte mêlant nos souvenirs de voyage et les références historiques et littéraires qui nous avaient alors accompagnées [1]. En 2023, il était temps d’aller voir comment le pays s’était développé en refaisant, pour l’essentiel, un parcours semblable (Hanoi, Halong, Hoa Lu, Hué, Danang, Hoi An, Saigon, Mytho), itinéraire devenu depuis un grand classique des agences internationales de voyages.

 

Mais toute comparaison historique implique de connaître la situation dans laquelle se trouvait alors le pays en 1995. 

 

Vingt ans auparavant seulement, en 1973, les accords de paix de Paris aboutissaient au retrait de l’armée américaine ; en 1975, la République du sud Viêt-Nam s’effondrait et le pays était finalement réunifié en 1976. Ravagé par près de quarante ans de guerre, le pays affrontait de multiples difficultés économiques dont l’embargo américain jusqu’en 1994. Il devait en outre faire face, en 1978, à un conflit avec le régime Khmer rouge cambodgien, alors soutenu par la Communauté internationale comme étant le seul gouvernement légitime du Kampuchéa, ce qui isolait politiquement et économiquement le Viêt-Nam. Enfin, en 1979, la Chine lançait une vaste opération militaire contre le Viêt-Nam tout au long de leur frontière commune au prétexte de mauvais traitements subis par la minorité chinoise au Viêt-Nam et l’occupation vietnamienne des Îles Spratley revendiquées par la Chine. Ces différents conflits entraînaient, entre 1975 et les années 80, la fuite par la mer de près de 1,8 millions de Vietnamiens (crise des boat-people) dont de nombreux cadres et diplômés. 

 

La mise en place en 1986 d’une nouvelle politique économique, le Đổi mới (changer đổi, nouveau mới, soit « renouveau » en vietnamien), basée sur l’économie de marché (privatisation de l’agriculture, réforme des entreprises publiques, autorisation et protection de la propriété privée, libéralisation des investissements étrangers), la fin des incursions chinoises (1979 et 1984) et du soutien international aux Khmers rouges (1991), de l’embargo américain (1994), permettaient progressivement de faire du Viêt-Nam un pays émergeant. 

 

En 1995, le Viêt-Nam est un pays de 74 millions d’habitants dont 36% de moins de 14 ans, un nombre d’enfants par femme de 3,23 (7,38 en 1965 / 1970 soulignant la transition démographique en cours). Le taux de croissance de l’économie est passé de 2,79% en 1986 à 9,54% en 1995 ! Le PIB par habitant (en $ constants de 2010) est de 906 (à titre de comparaison : Algérie 2 802, France 20 778, Thaïlande 3 595) contre 598 en 1986 [2]. Près de 40% du Produit Intérieur Brut du Viêt-Nam provient de l’agriculture ; 80% de la population habite en zone rurale et 70% de la population travaille dans le secteur agricole. La plupart des villes vietnamiennes sont restées essentiellement des centres administratifs et culturels ; le secteur industriel, celui des services et le commerce restent peu développés [3].

 

Incontestablement, le Viêt-Nam est alors un des pays les moins avancés, mais une image m’avait néanmoins frappée. Je revenais d’Angola où, à Luanda, j’avais vu dans le parc de la société des transports des centaines d’autobus Volvo en panne (il parait que l’on en comptait mille). A chacun, il manquait un élément qui permette de les faire rouler, faute de pièces détachées mais surtout faute de personnel qualifié pour les réparer. A Hanoi, dans un parc de véhicules, des ouvriers désossaient complètement des autobus, décabossaient la carrosserie, la repeignaient, et la rhabillaient de pièces détachées récupérées pour en faire un bus « tout neuf », capable d’affronter à nouveau des centaines de milliers de kilomètres !

 


[1] Le texte est reproduit des pages 2 à 25 avec l’adjonction de notes de bas de page rédigées en 2023. Les photographies ne sont pas très belles ; il s’agissait de diapositives qui ont mal vieilli avant qu’elles soient informatisées.

[2] Les statistiques économiques sont tirées de Perspective Monde, Université de Sherbrooke, Québec, Canada.

[3] Sous la direction de Patrick Gubry. « Population et développement au Viêt-Nam ». 2000.

 

Liste des articles sur Viêt-Nam du nord au sud

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