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Notes d'Itinérances
12 février 2024

Sant'Angelo - Autour du ghetto (10/18). Les places Giudea, Costaguti et Santa Maria in Publicolis.

Autour de l’ancienne porte du ghetto

 

 

Aux n°1 et 2 de la via del Portico di Ottavia, Lorenzo Manilio a fait construire, en 1468, une maison composée de trois bâtiments reliés entre eux par une élégante décoration, à l'imitation des bâtiments de la Rome antique, avec une dédicace, en latin, à sa gloire et un rien prétentieuse [1] ! En 1587, avec la construction du nouvel aqueduc Felice, fut ordonnée la construction d’une fontaine sur la Piazza Giudea, au début de l’actuelle Via del Portico di Ottavia, sur un projet de Giacomo della Porta (1533 / 1602). A la fin du XIXe siècle, lors des travaux de démolition des murailles et des portes du ghetto, la fontaine a été démontée. Elle fut remontée en 1930, quelques dizaines de mètres plus loin, sur l’actuelle piazza delle Cinque Scole (place des cinq écoles) dans l'alignement du portail du Palazzo Cenci. Sur la Piazza Giudea, il ne reste qu’une empreinte au sol de la fontaine, marquée par des pierres blanches.

 

La Piazza Giudea s’ouvre sur la Piazza Costaguti. Sur cette dernière, la chapelle de Santa Maria del Carmine e del Monte Libano (saint Marie du Carmel et du Mont Liban), également connue sous le nom de Tempietto del Carmelo (Petit temple du Carmel), était un petit lieu de culte catholique. Le Tempietto avait été érigé en 1759 par une famille d'épiciers pour protéger une image de Santa Maria del Carmine, placée dans une niche de la maison de Lorenzo Manilio. C’est un édicule demi-ovale, adossé à la façade d’un bâtiment, couvert d'une demi-coupole également ovale, reposant sur six colonnes et deux demi-colonnes en travertin (photo). Intérieurement il est décoré de stucs qui encadrent la Colombe du Saint-Esprit. Dans cette chapelle, en début de soirée, des sermons étaient prononcés pour les Juifs du ghetto voisin, avec présence obligatoire devant le Tempietto. Celui-ci a été désacralisé au XXe siècle et ne contient plus d’image pieuse ni d’autel. Il a ensuite été occupé par deux cordonniers qui avaient monté des cloisons de maçonnerie et fermé le portail en fer forgé du XVIIIe siècle par des tôles. En 2000, le dôme de plomb s'étant effondré, la Surintendance des biens culturels de la ville de Rome l’a fait restaurer. 

 

La place Costaguti tire son nom d’un palais situé dans un élargissement triangulaire. Construit au XVIe siècle pour Monseigneur Costanzo Patrizi, trésorier de Paul III Farnèse (1534 / 1549), il a ensuite appartenu à la famille Costaguti de banquiers génois qui l’a fait rénover. Le palais s’étire au long de la place mais possède aussi des façades sur la place Mattei et la Via della Reginella. Les deux étages situés sur la place ont été exhaussés de deux autres étages au XIXe siècle.

 

L’église Santa Maria in Publicolis [2] est située au coin de la Via in Publicolis, face à la Piazza Costaguti, dans le rione voisin de Sant’Eustachio. Elle aurait été construite au Xe ou au début du XIe siècles et restaurée, en 1465, par Andrea Santacroce prétendant être un descendant du consul romain Publius Valerius Publicola (d’où le nom de l’église). Au début du XVIIe siècle, l'église tombait en ruine et le cardinal Marcello Santacroce la fit reconstruire dans le style baroque selon un dessin de Giovanni Antonio de'Rossi en 1643. La façade est divisée en deux ordres et présente un portail surmonté d’une fenêtre, l’ensemble est couronné d’un tympan curviligne encadré par deux pélicans, emblème de la famille Santacroce ; elle est animée mais équilibrée, mêlant harmonieusement pilastres et demi-colonnes, frontons triangulaires et curvilignes, niches cintrées et surfaces planes. L’intérieur est à nef unique, de trois travées, avec des chapelles latérales. Le maître-autel possède une toile du XVIIe siècle représentant la « Natività della Vergine » (La naissance de la Vierge) de Raffaele Vanni (1587 / 1659). L’édifice avait été conçu pour abriter les sépultures de la famille Santacroce. Au milieu du XIXe siècle, l'église a été confiée aux Missionnaires des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, qui en ont fait leur maison générale. On débouche alors sur la Via dei Falegnami (des charpentiers) laquelle doit son nom, à l’origine, aux fabricants de vaisselle et de bassines en bois… la confrérie comprenant aussi bien les tonneliers, les luthiers, les ébénistes, les sabotiers que les fabricants de gourdins [3] !

 


[1] Site RomaSegreta. « Alors que Rome renaît à son ancienne splendeur, Lorenzo Manilio, en signe d'amour pour sa ville, construit à partir des fondations de la Piazza Giudea, en proportion de ses modestes possibilités, cette maison qui tire le nom de Manliana de son patronyme, pour elle-même et ses descendants, en l'an 2221 de la fondation de Rome, à l'âge de 50 ans, 3 mois et 2 jours ; il fonda la maison le onzième jour avant les calendes d'août ». Voir Lorenzo Manlio, « Da “gent épicière” a “gens Manlia” ». Site Dattiliotèca

[2] Roman Churches. « Santa Maria in Publicolis ». 

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