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Notes d'Itinérances
26 janvier 2014

Angkor (23/27). Préah Khan ou « L’épée sacrée ».

Un immense temple plat – Un petit temple à étage supporté par des colonnes

 

 

Au nord d'Angkor Thom, Préah Khan, « L'épée Sacrée », en fait, le centre d'une nouvelle ville s'étendant sur cinquante-six hectares. Une stèle précise qu'y vivaient quatre-vingt-dix-sept mille huit cent quarante personnes, serviteurs du temple et de sa divinité, dont mille danseuses ! Préah Khan est un monument construit par le grand roi bâtisseur Jayavarman VII, dont l'activité démesurée en matière de construction (la ville d'Angkor Thom, le Bayon, la terrasse de la Place Royale, les temples de Ta Prohm, Banteay Kdei, la fontaine de Neak Péan, le bassin de Srah Srang, l'immense temple de Banteay Chhmar...) explique peut-être l'épuisement du royaume khmer.

 

Préah Khan pourrait être antérieur à Angkor Thom, Jayavarman VII s'y étant établi pendant la reconstruction d'Angkor après le pillage et les destructions des Chams. C'est une vaste construction, dernière étape de l'évolution des temples khmers, celle des temples plats. Composé de trois enceintes concentriques, le plan en est rendu peu lisible par l'érection de préaux cruciformes reliant les différentes enceintes. La première enceinte autour du sanctuaire, lui-même de forme cruciforme est encombrée d'un chaos architectural par accumulation de sanctuaires, prasats, galeries, salles cruciformes à piliers, courettes, et constructions annexes. On ne compte pas moins de cent deux tours-sanctuaires.

 

Temple plat, il n'existe donc pas de point élevé comme à Angkor-Vat, ou au Bayon, pour enfin comprendre l'organisation du monument. Aussi se promène-t-on dans le temple sans jamais bien comprendre où l'on est et cette compréhension est encore rendue plus difficile par l'état des édifices souvent ruinés, aux voûtes effondrées, aux galeries coupées de madriers de soutènement. Mais dans ce labyrinthe, où on sait plus, ni où nous sommes rentrés, ni où est la sortie tant le fouillis est grand et les lieux se ressemblent, on est souvent frappé par de vastes perspectives rectilignes dans lesquelles se succèdent galeries et portes, l'effet en étant encore accentué par l'obscurité des lieux et l'éclatante lumière qui jaillit tout bout de la dernière porte.

 

Les murs présentent de très nombreux bas-reliefs de Devatâs et d'Apsaras, souvent d'une grande finesse d'exécution. Hélas, nombreux sont ceux qui ont fait l'objet d'une tentative de pillage, la pierre est alors martelée pour essayer de détacher les têtes des Devatâs, mais la pierre souvent fragile, se casse, se morcelle.

 

De nombreuses salles sont entourées d'une fresque d'Apsaras dansant. Elles sont représentées de face, jambes écartées dont l'une est levée et repliée, mollet contre cuisse ; elles élèvent les bras, la main gauche tournée vers le ciel et la droite tournée vers la terre. Ce motif se répète indéfiniment.

 

« Partout ces Apsaras au sourire éthiopien dansant sur les ruines en une espèce de cancan sinistre » [1].

 

Après avoir traversé en ligne droite tout le monument, à l'autre extrémité s'ouvre un espace dégagé ou un curieux édifice attire le regard : un petit bâtiment de deux étages, le second étant supporté par des colonnes, six colonnes en rangées de quatre, avec des bagues de base et des chapiteaux ronds. Il est précédé, de part et d'autre, de porches à colonnes, l'étage supérieur est à fenêtres carrées. Il fait penser à un monument romain d'une facture archaïque. C'est un exemple unique d'un bâtiment khmer à étage utilisant des colonnes, même si l'on connaît quelques exemples de construction utilisant des colonnes, comme la chaussée surélevée du Baphuon. Autre sujet d'étonnement, il n'a été retrouvé aucun moyen d'accès à l'étage supérieur ! La légende veut que ce bâtiment était consacré à la garde d'une épée sacrée !

 

Pendant toute la visite, le bruit strident des cigales nous accompagne. D'une note plus aiguë que nos cigales méditerranéennes, elles semblent si nombreuses que leur chant en est assourdissant.

 

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