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Notes d'Itinérances
7 juin 2021

Toscane - Révolutions florentines (7/16). Leon Battista Alberti - Palais Rucellai.

L'influence de l'architecture romaine antique

 

 

L'architecture de la Renaissance est marquée par le rejet de l’arc gothique et de l'arc brisé, et par une volonté de revenir aux sources antiques auxquelles elle emprunte les éléments de son vocabulaire : la colonne, le pilastre, l'arc en plein cintre, et son idéal de symétrie, de régularité et de proportion. Cet idéal va notamment s’exprimer dans l’érection des palais. A la maison-tour fortifiée du moyen-âge, de taille relativement restreinte, va se substituer un palais large et massif organisant la vie sociale autour d’une vaste cour intérieure. Le modèle de base sera celui du palais Médicis construit par Michelozzo pour Côme de Médicis entre 1444 et 1459. Si le style gothique était fonction d'une technique de construction (voûte d'ogives, arc brisé), la Renaissance fonde le style sur des principes esthétiques : 

 

  • Le plan régulier : des tracés rigoureux, des façades rectilignes, des raccords de façade à angle droit (les angles obtus ou aigus sont évités) ;
  • L’égalité des travées : régularité dans le rythme des ouvertures. Avec des baies de largeurs égales et espacées régulièrement ;
  • L’alignement des baies des différents étages ;
  • La symétrie : similitude entre les deux moitiés d'un bâtiment par rapport à son axe médian ;
  • La proportion (rapport entre les dimensions) : les dimensions des différentes parties du bâtiment, devaient être des multiples d'un module de base.

 

Le palais Médicis est un bâtiment cubique impressionnant, mais néanmoins sobre et austère. Ses façades sont traitées à bossage rustique ; la pierre est taillée de façon à être en saillie au rez-de-chaussée, plus aplaties au premier étage et en plaques lisses au second étage, de façon à alléger les volumes vers le haut et accroitre l'effet de perspective. Les étages sont séparés par des corniches et l'ensemble est couronné d'une corniche en surplomb à modillons de type corinthien qui cache une toiture à faible pente. La façade présente des fenêtres géminées avec des arcs en plein cintre. 

 

« Comme on voit bien, à la forme solide de ces palais, construits d’énormes blocs de pierre qui ont conservé brut le côté qui regarde la rue, que souvent le danger a circulé dans ces rues ! » [1].

 

La cour centrale, carrée, à péristyle, en pierres gris-bleu est également d'inspiration romaine, avec ses colonnes antiques, lisses et chapiteaux composites. Elle est décorée, légère, aimable, contrastant avec l’aspect extérieur du bâtiment qui est plutôt austère. Le premier niveau, la loggia à colonnes, se termine par une haute frise avec des médaillons contenant des armes des Médicis de différentes formes et représentations mythologiques. Le second niveau est caractérisé par des fenêtres de même style que sur les façades extérieures, alignées sur les arcs du portique. Le dernier niveau est une loggia avec des colonnes ioniques.

 

Avec le palais Rucellai à Florence (vers 1450 ), Alberti enrichira l’ornementation de la façade en introduisant une décoration de pilastres, superposant plusieurs ordres (dessin). La façade comporte trois niveaux, chacun est découpé verticalement en travées délimitées par des pilastres et horizontalement par des corniches. Les éléments de la façade sont proportionnels les uns par rapport aux autres et les ordres sont superposés. On retrouve ainsi de manière plus marquée l'influence de l'architecture romaine antique notamment celle du Colisée. L’appareillage est massif, à bossage, avec un rez-de-chaussée quasi aveugle, avec des ouvertures nombreuses aux autres niveaux composées de fenêtres géminées, lesquelles sont encore de taille assez réduite. L’ensemble est régulier, symétrique, mais reste massif et imposant. Il reviendra aux palais de la Renaissance romaine d’alléger les façades avec des pierres lisses et de les orner de fenêtres rectangulaires, encadrées de colonnes sous des frontons curvilignes ou triangulaires (exemple à Florence : Palazzo Bartolini Salimbeni, 1520). 

 

L’architecture participe ainsi à faire entrer dans les représentations mentales les règles de la symétrie, de la proportion, de la régularité, centrées sur l’Homme.

 


[1] Stendhal. « Rome, Naples et Florence ». 1826.

 

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