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Notes d'Itinérances
8 janvier 2023

Architectures modernes à Flaminio (6/12). L'auditorium de Renzo Piano - Quartiere Parioli.

La famille scarabée - La librairie et le disquaire - Rome ville du Jazz

 

 

La zone comprise entre la colline de Parioli et le méandre du fleuve a connu plusieurs vagues successives mais disparates de transformation : usines et casernes des années 1900, équipements sportifs de la période fasciste puis village olympique des JO de 1960. Par la suite un peu oubliée, avec un village olympique vieillissant mal, il devenait urgent d’engager la rénovation du quartier, de chercher à lui donner un minimum de cohérence et d’en faire un pôle attractif au sein de la capitale. La décision, en 1993, de construire un auditorium dont Rome ne disposait plus sur un lieu en déshérence, les anciens parkings de la cité olympique, devait permettre d’atteindre ces objectifs.

 

C’est l’architecte génois, Renzo Piano, auteur du Centre Pompidou avec Richard Rogers, qui a été choisi pour réaliser l’ensemble de l’opération (2002) qui comprend trois salles de spectacles indépendantes [1] (photo). Leur acoustique a été travaillée en priorité pour la musique mais les salles peuvent accueillir d’autres évènements, danse, théâtre ou festival. La plus petite des trois salles (Petrassi, 700 spectateurs) a été conçue pour une adaptabilité acoustique maximale afin d’accueillir des pièces de théâtre des congrès et des concerts de musique classique ; cette polyvalence étant rendue possible par une avant-scène mobile et une fosse pour l'orchestre, qui peuvent être relevées et abaissées en fonction des besoins acoustiques. La seconde (Sinopoli, 1200 spectateurs) offre la plus grande flexibilité de l'espace intérieur, le volume de la salle pouvant varier en ajustant la hauteur du podium. La troisième (Santa Cecilia, 2700 spectateurs) était à son inauguration la plus grande salle de spectacle d'Europe. Les trois salles sont disposées autour d’une grande cavea centrale tournée vers l’entrée, Via Pierre de Coubertin, formant un amphithéâtre de plein air de 3 000 places. Les trois volumes des salles de l’auditorium ont été surnommées par les Romains, toujours gentiment moqueurs, « La famille scarabée » ! Les coques de la superstructure, de tailles différentes, sont réalisées en merisier lamellé-collé, montées sur des panneaux en fibrociment soutenus par un tablier de poutres en contreplaqué marin lamellé et recouverts de feuilles de plomb, leur donnant un air de famille de gros insectes. 

 

La base de cet ensemble, le long de la viale de Coubertin, comprend un bâtiment linéaire de deux étages, flanqué d'un long portique en briques rouges. Ce bâtiment abrite les bureaux et les salles d'enregistrement au niveau supérieur, tandis qu'au niveau urbain, sous le portique, se trouvent un restaurant, un espace d'exposition et une magnifique librairie-disquaire ! Certes, la partie librairie exige de lire et de comprendre l’italien, mais la partie disquaire est compréhensible par tous et elle possède, notamment, un rayon remarquable de CD de jazz italien. Y sont présentes les vedettes du jazz italien comme Enrico Rava (trompettiste), Enrico Pieranunzi (pianiste) ou Aldo Romano (batteur). Une nouvelle génération de musiciens est apparue comme Stefano Di Batista (saxophoniste), Paolo Fresu et Flavio Boltro (trompettistes), Furio di Castri (contrebassiste), Rita Marcotulli, Stefano Bollani et Giovanni Cecarelli (pianistes), Gianmaria Testa (chanteur et guitariste). 

 

La nouvelle génération des jazzmen italiens a souvent eu des relations avec la France, notamment Paris, où nombreux sont ceux qui y ont joué voire même s’y sont installés, comme Ricardo del Fra arrivé à Paris dans les années 80 et qui a été responsable du département Jazz du Conservatoire National Supérieur de la Musique et de la Danse, ou dans les années 90, du délicat pianiste Giovani Mirabassi. Et puis, il y a tout ceux que je ne connais pas… Rome devient une ville du jazz. Si le jazz italien n’est pas une « école », ses représentants jouent un jazz élégant, inventif, sensuel, tout en finesse et en virtuosité méditerranéenne [2].

 


[1] Renzo Piano Building Workshop. « Parco della Musica - auditorium ». Site Internet.

Parco della Musica, Viale Petro de Coubertin, 30, Villaggio Olimpico.

[2] Vous pouvez en prendre connaissance dans un délicieux CD paru en 2010 « Jazz al dente ! », une compilation dans laquelle une vingtaine de musiciens italiens complètent leurs prestations de différentes recettes de pâtes ! Cf. notamment les prestations de Giovanni Cecarelli, Paolo Fresu, Gnu Quartet, Musica Nuda, Gianmaria Testa. Bonsaï Music. 2010.

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