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Notes d'Itinérances
31 décembre 2022

Architectures modernes à Flaminio (2/12). Via Flaminia et Sant’Andrea del Vignola - Quartiere Flaminio.

Le quartier de Flaminio – Un acte d’action de grâce

 

 

La nouvelle ligne de tramway n°2, entre piazzale Flaminio et la piazza Mancini, réalisée à l'occasion de la Coupe du monde de football de 1990, dessert (épisodiquement ?) le quartiere de Flaminio et la zone du village olympique (quartiere Parioli) par la longue et rectiligne via Flaminia. Le quartiere Flaminio tire évidemment son nom de la via Flaminia, une route militaire romaine qui, partant de la porta del Popolo, menait en Ombrie et dans le nord de la péninsule. Flaminio est un quartier tout en longueur, coincé entre la via Flaminia et le Tibre lequel fait une large boucle au nord. Sa partie sud, la plus ancienne, qui s’étire de la Porta del Popolo à la piazza dei Belle Arti, s’est développée avec le plan d'urbanisme de 1883 [1]. Entre la Via Flaminia et le Tibre, un plan régulier composé de blocs quadrangulaires d'immeubles bourgeois a remplacé un patchwork d’implantations industrielles (dont la fonderie Barucci) alternant avec des villas anciennes, souvent délabrées et transformées en bâtiments artisanaux. De l’autre côté, au pied de la colline, le Borghetto Flaminio est reste encore une zone occupée par des artisans et des entreprises à l’image du tissu industriel du tournant des XIXe et XXe siècles.

 

L’église Sant’Andrea del Vignola est située à hauteur du n°194 de la via Flaminia, juste après la piazza di Belle Arti. Elle est due à l'architecte Jacopo da Vignola, dit Vignole, d’où son nom, rare exemple d’une église qui porte le nom de son architecte. Elle a été construite pour le pape Jules III Ciocchi del Monte (1550 / 1555) et destinée à être incluse dans le complexe dominé par la Villa Giulia érigée sur les pentes du mont Valentino (quartiere Parioli). La construction a commencé en 1552 et s'est achevée l'année suivante. Le site se trouvait au nord de l'entrée de l'allée conduisant à la Villa Giulia, le palais de campagne que le pape se faisait construire. Cette église est un acte d’action de grâce de Jules III pour avoir échappé à la mort. En effet, lors du sac de Rome de 1527 par les lansquenets de Charles Quint, Jules Ciocchi del Monte, alors fonctionnaire de la Curie sous le pape Clément VII de Médicis (1523 / 1534), avait été l’un des otages remis par le pape aux troupes impériales. Libéré en secret le 30 novembre, jour de la fête de Saint-André, grâce à l’intervention du cardinal Pompeo Colonna allié de Charles Quint, le futur Jules III réussit ainsi à éviter l’exécution alors que d’autres otages furent assassinés.

 

Sans fonction pastorale et surtout sans reliques (!), l’église fut abandonnée par la suite, mais elle attira l’attention des architectes dans la période du néo-clacissisme et elle fut restaurée par Guiseppe Valadier en 1803. Son architecture me semble effectivement moins révélatrice de la période de transition de la Renaissance à la Contre-Réforme, le maniériste (un style de transition qui débouchera sur le baroque) [2], que de la recherche permanente des architectes de la Renaissance sur l’alliance harmonieuse, en trois dimensions, des formes géométriques simples, carré, rectangles, triangle et cercle, en deux dimensions (photo).

 

« Il fait penser à un rubiks’cube juste avant la manipulation finale qui lui donnera sa perfection ; c’est un dé encore ouvert, les angles semblent tourner divinement sur eux-mêmes, les volumes se cherchent et se rencontrent mêlant harmonieusement poésie et mathématiques. Le triangle du fronton, le parallélépipède du tympan, l’ovale de la coupole se juxtaposent et s’équilibrent comme s’ils avaient enfin résolu la légendaire quadrature du cercle » [3].

 

La façade est à un seul étage avec six pilastres corinthiens, deux d'entre eux flanquent la porte et deux paires jointes sont situées aux coins. Ils encadrent deux grandes fenêtres rectangulaires et supportent un fronton triangulaire. Le plan de l'intérieur est basé sur un rectangle. Deux pilastres corinthiens en angles, et deux autres qui découpent chaque mur, soutiennent une corniche qui fait le tour de l'église. L’ensemble est surmonté d’un dôme ovale. Le retable original de Girolamo Siciolante da Sermoneta (un peintre maniériste) représentant saint André et peint sur panneau, a été enlevé. Il est remplacé au-dessus de l'autel par une fresque de 1637 récemment restaurée.

 


[1] Base de données du site Roma2Pass de l’Association AMUSE. « Alla scoperta dell territorio del municipio II ».

[2] Romanchurches. « Sant’Andrea del Vignola ». Site internet. 

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