Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
1 février 2023

Trastevere et Lungaretta (7/19). Le Trastevere des hospices.

Les hospices Santa Francesca et San Michele

 

 

A gauche de la Torre di Fiemarosca, s’ouvre la piazza dei Mercanti où débouche le vicolo di Santa Maria in Capella. En face, dans la ruelle située entre la piazza dei Mercanti et la via Augusto Jandolo, nous trouvons une petite église (parfois dénommée chiesetta), ancienne, fondée en 1090 pendant le pontificat d'Urbain II (1088 / 1090). Elle portait alors le nom de Santa Maria ad Pinea, son nom évolua vers in Capella pour des raisons mal expliquées. Peut-être parce qu’elle a été attribuée par la suite à la corporation des tonneliers (Barilari) qui fabriquaient des demi-tonneaux (cupa). En 1391, l'église a été restaurée par un certain Andreazzo Ponziani, le beau-père de sainte Françoise romaine (1384 / 1440), qui a construit à côté de la petite église un hôpital appelé de San Salvatore, où la sainte a fondé une communauté bénédictine qui s’occupait des pauvres et des malades. Au début du XVIe siècle, l'hôpital a été fermé et l'église abandonnée, peut-être suite au sac de Rome de 1527 par les lansquenets protestants du très catholique Charles Quint. L'église a ensuite été reprise par la corporation des tonneliers. 

 

La famille Pamphili s’intéressa aux vastes terrains de Ripa Grande, proches du fleuve, avec maisons, ateliers, jardins, qu’ils acquirent. En 1653, l’église est alors confiée par Innocent X Pamphili à Olimpia Maidalchini, sa belle-sœur et son « homme de confiance » dans la gestion des affaires de la papauté. Sur l’ensemble des terrains acquis sont réalisés un vaste jardin « des délices » qui comprenait des essences rares, des arbres fruitiers, notamment des agrumes, et des œuvres d’art dont la fontaine « de l’escargot » (della lumaca), réalisée en 1652 par Le Bernin, et aujourd’hui disparue. Le Casino del Belvedere construit en bordure du Tibre, comprenait deux étages, un portique de trois arches au rez-de-chaussée, un large escalier et trois chambres à l’étage [1]. 

 

En 1857, un descendant de la famille Pamphili, Filippo Andrea Doria Pamphili, fit restaurer l'église par l'architecte familial Andrea Busiri Vici et restaura également l'ancien hôpital pour maladies chroniques toujours actif aujourd'hui sous le nom de « Maison de Repos Sainte-Françoise-Romaine ». L'église, une partie de l'hôpital et le jardin (photo) ont été ouverts au public sous le nom de Museo di Santa Maria in Cappella [2]. Ils rendent compte de l’activité de l’hôpital et des évolutions urbaines de la zone. A droite de l'église se trouve un petit clocher du début de l'époque romane, entre la fin du XIe siècle et le début du XIIe siècle. La façade baroque de l’église a été remplacée par une nouvelle façade en 1857. L'intérieur de l'église comprend une nef centrale avec des bas-côtés divisés par cinq colonnes antiques ; les décorations sont issues de la dernière restauration du XIXe siècle. Remarquer, à l’entrée, à droite sur le mur, une croix en mosaïque qui aurait été réalisée par Borromini en 1625.

 

Par la via Santa Cecilia, on longe le complexe de l’Ospizio Apostolico di San Michele a Ripa Grande [3]. Il s’agit des bâtiments d’un vaste ensemble, construits aux XVIIe et XVIIIe siècle comme hospice pour des enfants abandonnés et formés aux travaux de la fabrication des tissus et de la tapisserie (Conservatorio dei Ragazzi - 1679), un hospice des pauvres et des handicapés (Ospizio dei poveri Inabilito - 1693), un hôpital des mendiants (Ospedale dei Mendicanti - 1709), une prison pour femmes et une caserne pour les agents des douanes (1735) ! La création de la façade côté Tibre, achevée en 1730, finit par donner une unité architecturale à un ensemble discontinu d’édifices qui s'étaient juxtaposés au fil des décennies. Au rez-de-chaussée du bâtiment, parmi les nombreux magasins et tavernes que l'Institut louait à des particuliers pour gagner de l'argent, se trouvait la Taverne espagnole, où se réunissaient intellectuels et artistes au XIXe siècle. L'Osteria del San Michele, comme l'Antico Caffe Greco de la via dei Condotti, a joué un rôle de premier plan dans la vie artistique romaine. Avec l’unification italienne, les bâtiments sont devenus la propriété de la ville. Après avoir servi de caserne, les bâtiments accueillent aujourd’hui le Ministère des Biens culturels.

 


[1] Le casino fut détruit au moment de la construction des digues et la création du Lungotevere di Ripa Grande. Il était situé approximativement au niveau du n°56 du Lungotevere. Les thermes construits à la même époque par Camillo Pamphili, connus sous le nom de Bagno di Donna Olimpia, ont également été démolis.

[2] Vicolo di Santa Maria In Cappella, n°6. 

[3] Direzione Generale Archeologia Belle Arti e Paesaggio. « La storia del Complesso Monumentale di San Michele a Ripa Grande ». 2020.

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 989 585