Trastevere et Lungaretta (11/19). San Crisogono et les places Sydney Sonino et Guiseppe Belli.

Une église aux remaniements nombreux - Le poète de Rome

La basilique San Crisogono, située sur la via di Trastevere, a été édifiée au IVe siècle ; c'est l'une des plus anciennes églises de Rome. Elle aurait abrité les reliques de saint Chrysogone, un obscur martyr d'Aquilée (près de Venise) qui aurait été martyrisé au début du IVe siècle. Mais, San Crisogono est aussi le saint patron de la ville portuaire de Zadar, en Croatie, et ses reliques y auraient été dérobées par les Vénitiens en 1204 pour être déposées à San Trovaso à Venise ! Un réaménagement du bâtiment a été commandé en 731 par le pape Grégoire III (731 / 741) : creusement d’une crypte, érection d’un nouveau toit et réalisation de fresques dans la nef et l'abside. En 1123, les anciens bâtiments sont abandonnés et une nouvelle église édifiée. En 1620, le bâtiment est restauré dans le cadre du programme de construction et d’embellissement d'églises du cardinal Scipion Borghèse.

Le bâtiment présente une loggia extérieure, en ajout de la structure de la basilique, datant de la restauration baroque (photo). De lignes droites, avec quatre colonnes encadrées de pilastres lisses, la loggia apparait curieusement plus classique que baroque ! Le campanile est situé, à droite, en arrière de cette loggia. Édifié en briques, en 1129, il est caractéristique des clochers romans à Rome avec un nombre croissant d’ouvertures en allant vers le sommet. L’église possède une seconde entrée [1], sur le côté latéral droit, de style baroque avec un encadrement de colonnes corinthiennes nervurées soutenant un fronton segmentaire brisé. En forme de basilique antique, de douze travées, avec des bas-côtés, séparés par onze colonnes ioniques de chaque côté. Si les colonnes sont antiques, les chapiteaux en stuc datent du XVIIe siècle. Le maître-autel date de 1127, mais le baldaquin est du Bernin. Sur l’abside se déroule une magnifique mosaïque du XIIIe siècle représentant la Vierge et l’enfant entre saint Sébastien et saint Chrysogone. Le sol est à décoration cosmatesque (pavement en marqueterie de marbres) et le plafond est luxueusement couvert d’or. C’est que Scipion Borghese souhaitait faire aussi bien que son oncle, le cardinal Aldobrandini, lequel avait offert un riche plafond à l'église voisine de Santa Maria in Trastevere. L'accès aux vestiges souterrains de l'ancienne église s’effectue depuis la sacristie. L'ancienne église est située sous le bâtiment du couvent, au sud.

A la fin du XIXe siècle, la construction du Pont Garibaldi sur le Tibre est l’occasion d’ouvrir une nouvelle voie dans le Trastevere (la via del Re, la voie du Roi, devenue la via del Trastevere) et de créer une place au débouché du pont, la piazza Italia. En 1922, elle est débaptisée pour lui attribuer le nom de l'ancien Premier ministre Sidney Sonnino (1847 / 1922). Enfin, en 1942, une autre partie de la place est dédiée au poète Giuseppe Gioachino Belli (1791 / 1863), célèbre poète romain du XIXe siècle [2], et où se trouve sa statue érigée en 1913, sur une souscription populaire, à l'occasion des célébrations du cinquantième anniversaire de sa mort [3]. La statue de Belli est réalisée en travertin. Sur un socle élevé est figurée la statue du poète, qui appuie sa main droite sur une reconstitution du parapet du pont Fabricio avec la présence d'un des hermès à quatre faces qui le caractérise. Sur la base, en bas-reliefs, sont représentés la personnification couchée du Tibre, la louve et les jumeaux fondateurs de Rome ; au dos, un groupe de personnes autour de Pasquino, la célèbre statue parlante. Le bâton de marche du poète était autrefois un vrai bâton de bois. Dérobé à plusieurs reprises par des admirateurs, et à chaque fois remplacé, il est désormais en fer, peint en noir, couleur de l’ébène.

Derrière l’imposante statue de Belli, on remarque un bâtiment ancien de briques avec une tour crénelée, le Palazzo degli Anguillara, érigé en 1455. En 1542, le palais est gravement endommagé par un tremblement de terre puis, non entretenu il se dégrade et est transformé successivement en étable, en abattoir, en cave, et au XIXe en fabrique d'émaux et de verres colorés ! Une restauration controversée a lieu en 1902 pour le faire paraître plus « moyenâgeux » : érection de merlons sur la tour, ouverture de nouvelles fenêtres. L’ensemble est aujourd’hui attribué à l'institution culturelle Casa di Dante.

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[1] Site Roman Churches. « San Crisogono ». 

[2] Curieux personnage qui, comme responsable de la censure artistique en 1850, aurait fait interdire les œuvres de Shakespeare, mais comme poète écrivit plus de 2 000 sonnets souvent satiriques, en dialecte romain, le romanesco.

[3] Sovrintendenza capitolina ai Beni culturali. « Monumento a Giuseppe Gioachino Belli ».

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