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Notes d'Itinérances
30 août 2013

Semaine sainte à Grenade (2/10). Pénitents et chars processionnels.

Une apparition inquiétante - Un char avec une représentation d'une scène de la passion - Puis un autre avec une madone

 

 

Quand nous traversons la place principale de Grenade, la Plaza del Carmen, nous nous heurtons à une foule serrée qui laisse un étroit passage libre entre ses deux rangs. Les gens semblent être venus en famille avec enfants et grands-parents. Chacun est habillé de dimanche et même d’aucuns ont apporté chaises et pliants pour s’asseoir plus commodément en bordure du trottoir. Mais rien ne semble se passer, tous discutent, dans le plus grand calme.

 

Alors nous attendons aussi, tendant le cou pour essayer de voir ce quelque chose que tous attendent si tranquillement. On entend bien au loin le martèlement de tambours…

 

Au détour de la Plaza del Carmen et de la Calle Reyes, entre les têtes des spectateurs, nous entrevoyons enfin de hauts chapeaux pointus avant de nous apercevoir qu’il s’agit de cagoules portées par une confrérie de pénitents vêtus de tuniques bleues qui avancent en deux files parallèles. Ils marchent à petit pas, s’arrêtent, attendent, se retournent fréquemment comme pour savoir si le reste de la procession suit bien.

 

Parmi eux, des hommes d’âge mûr, trahis par leur carrure, portent des bannières, d’autres manifestement plus jeunes, plus frêles et plus petits, portent des cierges. Et toujours le martèlement sourd du tambour, lent, répété. L’un des pénitents descend et remonte entre les deux files arrêtées, il souffle des ordres qui font démarrer ou ralentir la procession.

 

Lentement, très lentement ils passent devant nous, nous laissant un sentiment de malaise, ces déguisements sinistres faisant référence dans notre esprit aux activités criminelles du Ku-Klux-Klan américain. Ces processions d’hommes cagoulés nous renvoient l’image de temps obscurs où sévissait la Très-Sainte-Inquisition. D’un coup, les libelles de Voltaire, les discussions savantes autour des premières livraisons de l’encyclopédie semblent n’avoir jamais existés.

 

Et puis, tout au fond, là-bas, à l’entrée de la Plaza del Carmen, apparaît le sommet d’un palmier qui avance lentement en se balançant doucement. Petit à petit on distingue un groupe sculpté, grandeur nature, porté sur un char, et représentant Jésus entrant dans Jérusalem, assis sur un petit âne, entouré de quelques disciples. Le palmier donne un petit air exotique à la composition. Nous découvrons progressivement que des bords du plateau, entièrement recouverts de plaques d’argent, des draperies dissimulent les porteurs dont nous ne voyons apparaître que les pieds qui avancent à tout petits pas.

 

Au passage du char processionnel, j’observe mes voisins. Je suis plus étonné encore de ne pas surprendre de signes d’une intense ferveur religieuse. Quelques-uns uns, assez rares, se signent au passage de la statue du christ ; des enfants de huit à douze ans, plutôt des filles d’ailleurs, vont toucher les bords du char et font le signe de croix.

 

Non, chacun semble plutôt regarder, admirer, le char, sans exaltation ni débordement, mais avec sérieux et retenue.

 

Derrière le char précédent, apparaît un dais branlant. Composé d’un riche tissu chamarré, tendu entre des piquets d’argent plantés aux quatre coins d’un char, il tremble et tangue au-dessus des têtes. Il protège une statue de la Vierge, grandeur nature, luxueusement habillée et parée de bijoux. Couverte d’un vaste manteau couleur or et ivoire, celui-ci est largement étalé derrière elle en une traîne fastueuse. Elle prie, à genoux, au milieu d’un parterre d’œillets rouges qui couvre le plateau du char lequel avance un peu chaotiquement.

 

Nouveau sujet d’étonnement, ce culte de la vierge mère, jeune et pure, mais affublée d’habits de galas, cette démesure qui mêle allégorie religieuse et réalités matérielles, cette foi qui semble avoir besoin de mélanger symbole et concret.

 

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