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Notes d'Itinérances
20 septembre 2013

Yémen - Aden Arabie (22/33). Ibb et l'institut Al-Hodeyn.

La région de Himyarites - Ibb et ses maisons-tours - L'institut agricole Al-Hodeyn

 

 

La route de Taez à Ibb s’élève de 1 400 mètres à plus de 2 200 m. Sur des dénivelés de plusieurs centaines de mètres, les montagnes sont couvertes de terrasses de cultures, de qat mais aussi de céréales, d’arbres fruitiers, de caféiers. La pluviométrie annuelle est élevée, 1000 mm en moyenne, par suite des moussons provenant de la Mer rouge. La majorité du territoire d’Ibb est recouverte de végétation malgré le relief très mouvementé, ce qui lui vaut le nom de « gouvernorat vert ».

 

Les habitants de cette région sont les descendants des Himyarites qui dominèrent le Yémen pendant trois cent ans de 275 à 571. En 380, le roi se convertit au judaïsme mettant fin au polythéisme. En 525, l'empire Himyarite sera envahi par les Abyssins lesquels implantent le christianisme par la force, faisant disparaître les derniers foyers judaïques. En 570, un prince yéménite de confession juive fait appel aux Perses sassanides pour chasser les Abyssins, ce qui se traduit par la disparition de l’empire Himyarites et de la religion juive.

 

Les maisons tours d’Ibb sont moins élevées que celles de Sanaa. Sur trois étages, elles comportent un rez-de-chaussée qui sert d’entrepôt ; le premier et le second étage sont composés des chambres des parents et des enfants. Enfin le dernier étage, plus élevé accueille le mafraje. Construites en pierre blanche, ou peintes à la chaux, elles ne portent pas d’éléments de décor en façade et paraissent plus ternes. Seuls des rangs de pierre en arrêtes décorent la façade avec des dessus de fenêtres composés de trois œils-de-bœuf. Par contraste, le minaret de certaines mosquées est très coloré, rouge brique décoré de motifs géométriques blancs.

 

A la sortie d’Ibb, la route monte jusqu’à 2 400 mètres, et là, sur une distance à vol d’oiseau de trois kilomètres, elle descend par une série de lacets impressionnants de plus de 800 mètres dans une vallée. Mais plus impressionnant encore que la descente en automobile, c’est l’existence d’une multitude de petites terrasses accrochées partout au flanc de la montagne afin d’y cultiver quelques arpents de terre, irrigués en terrasse, avec café, arbres fruitiers, canne à sucre et céréales.

 

Enseignants et élèves nous attendent à l’ombre d’un arbre à l’entrée de l’établissement, sagement assis en cercle. Nous sommes invités à nous joindre à eux afin que nous soit présenté l’établissement, ses formations, ses enseignants et ses élèves. C’est aussi l’occasion d’ouvrir un dialogue avec les uns et les autres sur l’enseignement agricole, les possibilités d’emplois. Est-ce un effet de la traduction, mais les réponses sont généralement assez évasives et peu détaillées.

 

Les locaux de l’Institut, en cours de réhabilitation, sont ceux d’une ancienne école de formation d’enseignants qui ont été transformés en institut professionnel en 2001. Les locaux sont fonctionnels et l’établissement possède même une salle pour neuf ordinateurs, mais l’établissement n’est pas relié au réseau électrique. S’il possède une bibliothèque, celle-ci ne comporte que quelques ouvrages pour les cours d’arabe, de mathématique et d’anglais.

 

La cuisine de l’établissement est des plus sommaires, quelques réchauds sur lesquels sont positionnés des marmites, mais la pièce est carrelée et propre. Pour nous accueillir dignement, les tables ont été alignées et recouvertes d’un plastique bleu à fleurs sur lequel ont été disposés des gamelles en aluminium contenant ragoûts de mouton, lentilles, haricots, tranches de concombre. L’internat, situé dans un bâtiment voisin, est également sommaire. Il est composé de dortoirs dont les lits métalliques paraissent singulièrement fatigués par des cohortes d’élèves.

 

Seule l’option production végétale fonctionne avec une cinquantaine d’étudiants venant des différentes régions du Yémen, encadrés par 27 professeurs. Toutefois, les enseignants s’ils ont bien reçu les titres du nouveau programme, n’en connaissent pas le contenu précis. Les terrains disponibles pour d’éventuelles applications pratiques sont très restreints et pour faire des cours pratiques, il faut se rendre chez des agriculteurs voisins. L’établissement n’a ni électricité, ni téléphone, ni même d’eau potable… mais deux tracteurs neufs de forte puissance ont été octroyés à l’Institut. Tracteurs dont il n’a que faire n’ayant pas de terres pour les utiliser !

 

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