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Notes d'Itinérances
15 février 2023

Trastevere et Lungaretta (14/19). Santa Maria in Trastevere.

La chapelle Altemps en mémoire d'un criminel - La chapelle baroque d'Avila

 

 

Selon la légende une source d’huile serait apparue en 38 av. J.-C. à l’emplacement actuel de Santa Maria in Trastevere. Ce miracle aurait été interprété par la population juive vivant dans le quartier comme un signe annonçant la naissance du Messie. Aussi rapide qu’internet mais en mode concret.

 

Le site fut donné officiellement aux chrétiens par l'empereur Septime Sévère (145 / 211) après un différent pour la possession de la maison entre les chrétiens et les patrons de la taverne qui l’occupaient, la Taberna Meritoria, laquelle accueillait les soldats à la retraite. Sévère aurait prononcé ces mots : « Je préfère qu'elle appartienne à ceux qui honorent leur Dieu, quel que soit leur forme de culte ». Œcuménisme avant l’heure ? Il semble que Septime Sévère n’ait pas favorisé les persécutions contre les Chrétiens contrairement à la réputation qui lui en avait été faite.

 

Le premier bâtiment érigé pour être une église date de 340. Cet édifice, plusieurs fois remanié, est finalement détruit pour une nouvelle construction, en 1140, sur la base des anciennes fondations. La façade, précédée d’un portique de Carlo Fontana (1702), est décorée de mosaïques du XIIIe siècle (photo). Marie est entourée de dix femmes portant des lampes à huile, elle allaite l’enfant. Ce serait la plus ancienne représentation iconographique de la Vierge allaitant l'enfant-Jésus. A l’intérieur, l’église a conservé son plan basilical antérieur, agrémenté de nefs latérales, et augmenté de chapelles rajoutées au fil des siècles. La voûte centrale, à caissons, décorée par le Dominicain, est portée par vingt-deux colonnes ioniques qui proviennent des ruines des thermes de Caracalla. Pourquoi se gêner quand tant de pièces antiques pouvaient être facilement réemployées ? 

 

Les mosaïques de l’abside datent du XIIe siècle. La mosaïque principale représente le Christ intronisé avec la Vierge à sa droite, flanqué de saints (saint Laurent à gauche, saint Pierre et saint Calepodius à droite) et de papes (Innocent II, tenant une maquette de l'église l'identifiant comme le constructeur, et Calixte, à gauche, Corneille et Julius à droite). La Main de Dieu émerge d'une couronne au-dessus de la tête du Christ.

 

Au fond, à gauche du chœur, le cardinal Marco Sittico Altemps a commandé un mémorial pour honorer son fils Roberto, condamné à mort et décapité (1586) pour avoir violé une jeune fille. C’est que le nouveau pape Sixte V Peretti (1585 / 1590) avait décidé de faire un exemple pour mettre au pas la noblesse romaine. Quatre jeunes nobles qui avaient participé à la procession papale en transportant des armes auraient également été arrêtés et mis à mort. Dans le cas de Roberto Altemps, il semble que le pape réglait aussi quelques affaires personnelles : Roberto Altemps s’étant marié avec une Orsini, famille ennemie de celle du pape ! Dans le monument de marbre polychrome, le buste du jeune homme (vingt ans) est représenté avec une fraise et un visage d'enfant. Le monument est agrémenté d’une représentation de trophées dans la partie basse et de statues de Minerve et de la Victoire dans la partie haute rappelant les hauts faits guerriers de Marco Altemps, plus soldat que cardinal. La chapelle à gauche du chœur accueille une icône célèbre, la « Madonna della Clemenza », vraisemblablement pour rappeler la clémence que n’accorda pas Sixte Quint. Ce serait une des plus vieilles icônes de Rome car elle date du VIe siècle. Bref, la seule personne qui est ignorée dans ce monument, c’est la victime, la jeune fille violée !

 

Vous pouvez retrouver les « charmes » du baroque, ou plutôt ses excès dans le cas présent, dans la cinquième chapelle de gauche, la chapelle d'Avila (1686) aux stucs baroques d’Antonio Gherardi (1638 / 1702). Remarquez notamment cette folie de la double lanterne de la coupole. Celle-ci est ouverte à son sommet par un large oculus ; quatre anges, s’appuyant sur les bases de la coupole, portent sur leurs bras et leurs têtes, un petit temple rond, ou Tempietto à la manière de celui de Bramante, le tout à l’intérieur de la lanterne qui coiffe la coupole ! Autre jeu baroque, celui de la petite galerie perspective, située au-dessus de l’autel et entourant le tableau de Saint Jérlamo peint en 1686. Sur le modèle de la galerie de Borromini au palais Spada, elle est constituée d’une série de colonnes de tailles de plus en plus réduites afin de créer un effet de profondeur. 

 


 

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