Parione - Entre Campo dei Fiori et place Navone (20/26). Santa Maria in Vallicella - Chiesa Nuova.
L’église de la « Madonna Vallicelliana » et de saint Philippe Neri
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Dès le XIIIe siècle existait à l'emplacement de l'actuelle Chiesa Nuova (Santa Maria in Valicella) une église consacrée à la nativité de la Vierge. Après une période d'abandon, le Pape Sixte IV della Rovere (1471 / 1484) fit restaurer l’église pour le Jubilé de 1475, remplaçant les colonnes par des piliers. Au XVIe, il y était conservé une image miraculeuse de la Vierge, la « Madonna Vallicelliana ». Cette fresque du XIVe siècle, initialement placée sur la façade d'un bain public de la rue Parione, s’était mise à saigner en 1535 après avoir été frappée par un caillou. En 1574, la fresque avait été détachée du mur et confiée au recteur de l'église voisine et conservée dans la sacristie.
Saint Philippe Néri (1515 / 1595), né à Florence, se consacre à Rome aux laissés-pour-compte, crée le premier établissement pour malades mentaux et une confraternité pour les pèlerins. En 1551, il fonde la « Congrégation de l'Oratoire » et le pape confie l’église, laquelle n'était plus en bon état, à la nouvelle congrégation qui la reconstruit en 1575 (d’où son nom de Chiesa nuova, église neuve). Sur un projet de Giacomo della Porta, elle fut restaurée une nouvelle fois entre 1594 et 1617. Les chapelles latérales ont été ouvertes pour compléter la nef centrale de nefs latérales. La façade fut édifiée entre 1594 et 1605 selon un projet de Fausto Rughesi ; une façade très sobre, à deux étages, décorée de pilastres en faible relief, mais complétée de corniches, de colonnes entourant le portail et la fenêtre supérieure, plus accentuées lui donnant une certaine dynamique. L’intérieur n’est pas aussi sobre [1] ! A l’origine, comme le souhaitait Philippe Neri, l’intérieur était une simple salle de recueillement dépourvue de toute fioriture. Par la suite, au XVIIe siècle, les murs reçurent une riche décoration baroque, assez lourde, avec marbres colorés, cartouches, angelots, stucs et balcons de bois dorés.
La nef centrale est flanquée de deux nefs latérales, comprenant chacune cinq chapelles.
La voûte, la coupole et l'abside, originellement blanchies selon la volonté de saint Philippe Neri, furent ornées de fresques par Pierre de Cortone, prince de l’Académie de Saint-Luc[3], entre 1647 et 1666[3]. La fresque de la voûte représente la Vierge Marie et saint Philippe Néri, en référence à une vision que le saint aurait eu en 1576, alors que l'église était en construction. La Vierge Marie serait apparue au saint en soutenant une poutre qui s'effondrait au-dessus de la chapelle où se trouvaient le Saint-Sacrement et l'image miraculeuse de la Madonna Vallicelliana. C’est aussi une allégorie sur les projets de réforme du fondateur de l’ordre. Pierre de Cortone a également peint la coupole avec, sur les pendentifs, les quatre prophètes annonçant le Jugement dernier, sur la coupole, le Triomphe de la Trinité, avec le Christ présentant à Dieu les instruments de la Passion afin d’implorer sa pitié envers les Hommes et, au-dessus, l'Esprit Saint dans la lanterne. Dans la calotte de l'abside, une fresque illustre l'Assomption de Marie, représentée entre des anges et des saints.
Trois tableaux peints en 1608 par Paul Rubens (1577 / 1640) ornent le maître-autel (photo). Au centre, dans une décoration sur ardoise de cercles concentriques d'anges et de putti, une Vierge à l'Enfant bénissant peinte sur une plaque de cuivre. Cette image, visible en semaine, coulisse grâce à un système de cordes et de poulies pour faire apparaître, du samedi soir au dimanche soir, image miraculeuse de la « Madonna Vallicelliana ». De chaque côté du maître-autel, formant triptyque, à gauche, les saints Grégoire le Grand, Papas et Maurus et, à droite, sainte Domitille avec les deux serviteurs qu’elle convertit, Nereo et Achille. Les panneaux latéraux sont orientés vers la peinture centrale de façon que les regards de Saint Grégoire le Grand se dirigent vers l’image miraculeuse. L’église possède des reliques de ces saints.
En 1873, l'église fut expropriée et confisquée par l'État du Royaume d'Italie, passant ensuite à celui de la République italienne, qui la gère aujourd'hui à travers le Fonds des Bâtiments des Cultes.
[1] Romanchurches. Santa Maria in Vallicella.
[2] L’Academia di San Luca est une association d’artistes, peintres, sculpteurs et architectes, créée en 1577, qui s'engage à promouvoir et valoriser les arts. Elle eut pour Principi (princes), Federico Zuccari, Gian Lorenzo Bernini, Pierre de Cortone, Simon Vouet, Charles le Brun ou Antonio Canova…
[3] Les fresques de la voûte et de la coupole ont été restaurées en 2023.