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Notes d'Itinérances
13 mars 2023

Rome, étrange et curieuse (8/45).Rione Campo Marzio IV (3) - Messaline au jardin de Lucullus - Viale della Trinità dei Monti, 1.

Un jardin Renaissance à l'histoire tumultueuse

 

 

A Rome, le jardin de la Villa Médicis est certainement le seul jardin Renaissance qui n’a pas subi de transformation profonde dans sa structure comme dans sa destination ! Non seulement il a conservé sa composition générale mais, de plus, il est toujours consacré aux mêmes objectifs grâce à l’installation de l’Académie de France dans les locaux de la villa en 1806 : accueil d’artistes, production artistique et échanges culturels [1]. Si Balthus, directeur de la Villa Médicis de 1961 à 1977, s’est efforcé de restaurer le jardin tel qu’il était au temps de Ferdinand de Médicis, il a néanmoins conservé les grands pins parasols, plantés par Ingres, lesquels font aussi sa renommée [2]. Par sa composition, lieu clos mais ouvert sur l’horizon, géométrique, aux essences persistantes, le jardin rend compte des idéaux de la Renaissance italienne. Il est composé de trois parties, le piazzale, les carrés et le bosco. 

 

Le piazzale est une grande surface dégagée pour mettre en valeur la façade orientale de la villa et accueillir les invités. Il est lui-même composé de deux parties, une cour ornée en son centre d’une fontaine, puis deux séries de trois parterres engazonnés (autrefois fleuris), aux coins coupés, séparés par des allées ornées d’une haie basse. Dans l’alignement de la fontaine est érigé un obélisque égyptien, de granit rouge, qui ornait le temple d’Isis sur le Champ de Mars [3].

 

Les carrés, ou « quadri », sont situés au nord-ouest. Ils sont composés d’allées qui se coupent à angle droit, bordées de haies hautes (2 mètres environ) qui délimitent 16 rectangles égaux, occupés par des arbres fruitiers, le tout agrémenté de bustes, d’hermès et d’antiques [4]. Au fond du parc, dans un des carrés, Balthus, a rassemblé et disposé des copies des statues antiques des Niobides comme l’avait fait Ferdinand de Médicis en son temps. Selon la mythologie grecque, les douze enfants de Niobé, furent massacrés par Apollon et Artémis afin de punir Niobé d’avoir offensé leur mère, Léto, en se vantant auprès d’elle de sa fécondité alors que Léto n’avait que deux enfants. Les enfants sont groupés autour de leur mère dans des geste exprimant, la peur, le refus et la défense. Cette composition paraît étrange car les statues sont d’origines différentes et n’ont pas de taille homogénéisée, mais elles ont souvent servi de modèles aux artistes, sculpteurs ou peintres.

 

Le bosco, enfin, situé au sud-est, est arboré. Ferdinand de Médicis y a fait édifier une petite colline artificielle en ensevelissant les ruines du temple antique de la Fortune (photo). C’était un lieu destiné à la chasse aux oiseaux, et donc à l’expression de la force, en opposition avec le piazzale et les carrés destinés au contraire à la sociabilité, à l’art, à la beauté. 

 

« Tantôt interprété comme un Parnasse, tantôt comme un tombeau étrusque, cet édifice semble vouloir placer le nouveau propriétaire des lieux sous la protection d’Apollon ». 

 

La Villa Médicis occupe le site prestigieux des jardins de Lucullus célèbre pour son art de vivre. Il avait fait édifier des terrasses, un nymphée semi-circulaire surplombé d'un temple dédié à la Fortune. Par la suite, le jardin avait été acquis par le Consul Valerius Asiaticus, sans doute le premier consul d’origine gauloise. Peut-être amant de Messaline, femme de l’empereur Claude, le domaine suscita la convoitise de Messaline et, sur la base d’un faux témoignage, Claude exigea de Valerius Asiaticus qu’il se suicide ; ce qu’il fit dans ses jardins. Le temple dédié à la Fortune ne portera pas davantage chance à Messaline : c’est également dans ce jardin qu’elle sera assassinée sur les ordres de Claude mettant ainsi fin à une vie tumultueuse [5]. On raconte que le fantôme de Messaline hante le bosco où elle aurait été assassinée ; des vols de lucioles seraient le manteau de lumière avec lequel Messaline entraînerait dans la mort ses amants de rencontre ! 

 


[1] Krista Leuck. « Visite de la Villa Médicis – L’Académie de France à Rome ». Canal Académie. 31/05/2009.

[2] Visites guidées du lundi au dimanche (sauf le mardi) à horaires fixés selon les langues.

[3] A l'extinction de la lignée des Médicis, le grand-duc Pierre-Léopold de Habsbourg-Lorraine a fait transférer les œuvres d’art de la villa Médicis à Florence, ainsi que l’obélisque dans le jardin de Boboli. Balthus (1908 / 2001), a fait installer dans le jardin, en 1961, une copie en poudre de marbre et résine synthétique.

[4] Cécile Beuzelin. « Villa Médicis ». Programme de l’exposition « Villa Medici - Villa Aperta ». 2009. Et site de la Villa Médicis.

[5] Pascal Bonafoux. « La Villa Médicis, les temps battus et les malentendus ». Clio. 2003.

 

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