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Notes d'Itinérances
20 août 2023

Ludovisi - En remontant la Via Veneto (7/10). Le palazzo Margherita et le souvenir de Muzio Cordo.

Un vrai faux palace Renaissance – En mettre sa main au feu

 

 

Au second virage de la via Vittorio Veneto, à droite, se dresse le massif palais Margherita. Il doit son nom à la reine Marguerite de Savoie qui y habita, de 1900 à 1926, après l’assassinat de son mari, le roi Humbert 1er, par l'anarchiste Gaetano Bresci qui voulait venger la répression sanglante menée contre les ouvriers milanais en 1898 (entre 118 et 400 morts selon les sources). Suite à des difficultés financières, le prince Ludovisi-Boncompagni avait vendu la Villa Ludovisi, du XVIe siècle, qui occupait cet endroit ainsi que les 25ha de son parc, dans une grandiose opération de spéculation immobilière [1]. De l'ancienne propriété, le prince Rodolfo s’était réservé un terrain où il a notamment fait construire, de 1886 à 1890, un palais somptueux, en plus pur néo-renaissance, par l'architecte le plus important du moment, Gaetano Koch, afin de remplacer l'historique Palazzo Piombino, situé sur la piazza Colonna qui avait été exproprié et démoli. Le palais intègre, à l’arrière, une partie de l’ancien palazzo grande de la villa Ludovisi. Le long de la Via Boncompagni, le prince Rodolfo fit également construire, pour ses fils, deux villas conçues par Giovanni Batista Giovenale, reliées entre elles et au palais paternel par un chemin de fer à voie étroite (aujourd'hui disparu) avec wagon et machine à vapeur, le tout construit par la société Decauville, afin de réunir toute la famille au moment des repas… On croit rêver ! 

 

Évidemment, les difficultés financières des Boncompagni-Ludovisi seront persistantes et ils furent contraints de vendre le nouveau palais à la Banque d'Italie, qui l’a revendu, en 1900, à la maison royale de Savoie pour en faire la résidence de la Reine Mère, Marguerite de Savoie. A partir de 1928, le Palazzo Margherita a abrité la Confédération fasciste des agriculteurs. En 1931, l’ambassade des Etats-Unis loue le palais Margherita et s’y installe, ainsi que dans les deux villas pour héberger la Mission Diplomatique et le Consulat. Après la seconde guerre mondiale et la proclamation de la République en Italie, en 1946, l’ensemble est racheté par les États-Unis à l’État italien. 

 

A droite, un peu plus bas, entre les via Friuli et Sallustiana est située une fontaine, érigée en 1927, que l’on pourrait croire beaucoup plus ancienne compte-tenu de sa composition ! Deux putti, aux pieds desquels deux poissons sont prisonniers d’un filet, soutiennent la valve d’un coquillage ; ils sont encadrés par deux dauphins. L'eau coule de la valve, des dauphins et des poissons dans un bassins semi-circulaire.

 

Via Sallustiana, le palais de l’Institut National d’Assurance appartient également depuis 2004 à l'ambassade américaine [2]. Il a été conçu par l’architecte Ugo Giovannozzi et inauguré le 30 octobre 1927 dans le cadre des célébrations de l'anniversaire de la marche sur Rome. A droite, au début de la via Sallustiana, sur le mur d’enceinte du jardin de l'Ambassade des États-Unis est situé, au-dessus de la porte de fer d’un transformateur électrique, un curieux bas-relief représentant une main dans un feu. Il ne s’agit pas d’une mise en garde pour les personnes qui voudraient ouvrir le local électrique mais d’une plaque évoquant le souvenir de Mucius Scaevola, protagoniste d'une célèbre légende romaine, et dont le souvenir est évoqué à chaque fois que l’on assure son interlocuteur de la véracité de son propos en énonçant : « J’en mettrais ma main au feu » ! En 508 av. J-C, pendant le siège de Rome par les Étrusques commandés par Porsenna, roi de Clusium (Chuisi), la ville commence à souffrir de la faim. Un jeune aristocrate romain, Mucius Cordo, propose d’aller tuer Porsenna. Infiltré dans le camp ennemi, il tue le scribe chargé du versement de la solde des soldats pensant qu’il s’agit de Porsenna. Capturé par les gardes, il est amené devant celui-ci, lui déclarant qu’il avait voulu le tuer et que, sa main droite avait commis une erreur. Il la plonge alors dans le brasero destiné aux sacrifices rituels et ne la retire que lorsqu’elle est complètement brûlée. Impressionné par son geste, Porsenna décide de laisser la vie sauve à Mucius Cordo qui affirme alors que trois cents jeunes nobles romains se sont engagés à le tuer et, qu’étant le premier, il y avait fort peu de chance qu’il échappe aux 299 autres ! Par prudence, Porsenna entame des négociations de paix avec les Romains. Par la suite, Mucius Cordo portera le nom de Mucius Scaevola (Muzio main gauche). Le bas-relief de la Via Sallustiana serait situé à l’endroit où campait Porsenna et où cette histoire serait survenue. 

 


[1] Lucio Caracciolo. « Soffia su roma un vento di barbarie ». La Repubblica. 25/11/1984.

[2] Paolo Boccacci. « Il palazzo Ina all' ambasciata Usa ». La Repubblica. 02/12/2004.

 

Liste des promenades dans Rome et liste des promenades dans Ludovisi

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