Ostiense - Révolution au sud de Rome (2/12). La porte San Paolo et la pyramide de Caïus Cestius.

La Porte des invasions barbares – L’égyptomanie frappait déjà

La porte San Paolo s’appelait Ostiensis Porta car elle était située sur la route qui reliait Rome à son port, Ostie. Sur la route est située la Basilique San Paolo fuori le Mura d’où le changement de nom. A l’origine deux portes avaient été construites, de part et d’autre de la pyramide de Caius Cestius, pour répondre à l’intensité du trafic en provenance du port d’Ostie. A l’est, le vicus portae Radusculanee montait au sommet de l’Aventin et, à l’ouest, la via Ostiense se dirigeait vers les greniers situés le long du Tibre. Cette dernière porte fut ensuite fermée. La porte subsistant à l’est de la pyramide est intéressante pour son système défensif qui est demeuré quasiment intact. La porte est flanquée de deux tours semi-cylindriques, reliées par une galerie au-dessus de la porte [1]. Au IVe siècle, Maxence fit bâtir une double porte côté intérieur. C’est l’unique exemple de ce genre à Rome.

C’est par la Porte San Paolo qu’en 549, suite à la trahison de sa garnison, les Ostrogoths dirigés par Totila entrèrent et envahirent Rome. Par contre, le 10 septembre 1943, la 21e division d’infanterie des Granatieri di Sardegna, avec l’aide d’unités de l’armée et de la résistance, bien que faiblement armées, se battirent contre l’armée nazie pour l’empêcher d’occuper la capitale. Les Allemands réussirent à franchir les murs et la porte, causant la capitulation Rome [2].

C’est à côté de la porte San Paolo que se trouve « LA » pyramide de Rome, en fait le monument funéraire de Caïus Cestius. Il était préteur, tribun du peuple et Septemvir epulonum, c'est-à-dire membre d'un collège de prêtres qui organisait les festins dans le cadre du culte. La pyramide a été construite en 12 av J.C, dans une période où l’Égypte était « très mode » à Rome avec l’érection d’obélisques et de sphinx, par suite de sa conquête en 30 av J.C. Le frère de Caïus Cestius était un édile de Rome. Il a notamment fait relier l'île Tiberine à la rive droite du fleuve par un pont qui porte toujours son nom, le « Ponte Cestio ». La pyramide, 36 m de haut pour une base de 30 m de côté, possède une forme plus élancée que les pyramides égyptiennes, permise par la résistance structurelle du béton romain. A l'origine, elle était encadrée par quatre colonnes avec deux statues du défunt de chaque côté de la porte, lesquelles sont maintenant exposées au Musée du Capitole. Elle comporte un couloir qui conduit à la cellule funéraire rectangulaire, de 4 m sur 6, avec une voûte en berceau. Ses murs sont crépis et peints avec des candélabres qui encadrent des figures féminines [3]. Au moyen-âge, les pilleurs y creusèrent des galeries pour chercher des trésors et par la suite, les visiteurs de Rome apposèrent leurs graffitis en signe de leur passage. On croyait alors que la pyramide de Cestius était la tombe de Remus, le frère jumeau de Romulus.

« Nous nous faisions une fête d’examiner ces fameuses petites peintures antiques du salon, connues sous le nom de figurine de Cestius. Mais, ma foi ! tout est effacé, on n’y discerne presque plus rien ; vous aurez plus de satisfaction à les voir dans les estampes qui ont été gravées avant que l’humidité du lieu, l’air extérieur qui s’y est introduit, la fumée des torches et autres accidents eussent achevé d’altérer l’ouvrage » [4].

La pyramide de Cestius n’était pas la seule pyramide de Rome ! Il en existait deux autres à l’emplacement des églises jumelles de la Piazza del Popolo, et une autre encore le long de la Via della Conciliazione laquelle a été démolie en 1499 à l’occasion de la préparation du jubilé. 

En 2011, un riche mécène japonais, Yuzo Yagi, entrepreneur dans le domaine de la mode, a consacré deux millions d'euros à la restauration de la pyramide et aurait seulement souhaité que soit apposée une petite plaque avec le nom du donateur [5]. La surface extérieure de la pyramide était très altérée par la pollution atmosphérique à un carrefour particulièrement fréquenté.

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[1] Elle abrite un petit musée (fresques d’une tombe, pierres funéraires, fresques d’une chapelle de la communauté byzantine).

[2] Anna Francesca Leccia. Film documentaire « La notte più lunga – Rome ville occupée ». 2020.

[3] Le site, qui avait été temporairement fermé, devrait être réouvert. 

[4] Président de Brosses. « Lettres d’Italie ». 1740.

[5] La Repubblica. 29/12/2011.

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