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Notes d'Itinérances
21 mars 2019

Les tableaux du Caravage à Rome (11/21). N°7 - Saint-Louis-des-Français – La Vocation de saint Matthieu.

La première commande religieuse d’importance pour Le Caravage

 

 

 

La première commande importante pour le développement de la carrière du Caravage fut la décoration de la Chapelle Contarelli (Capilla Contarelli) de l’église Saint-Louis-des-Français [1], en 1599, probablement grâce à l'influence du cardinal Bourbon del Monte. La commande concernait une série de trois tableaux dédiés à la figure de saint Matthieu : « La Vocation de saint Matthieu », « Saint Matthieu et l'Ange » et le « Martyre de saint Matthieu ». Ces tableaux constituent un tournant dans sa technique et ses compositions par rapport à ses œuvres antérieures. Après des œuvres dites « de genre », type « Le Jeune Bacchus malade », « Garçon à la corbeille de fruits », « La Diseuse de bonne-aventure », c’est sa première œuvre importante à motif religieux, le sommet dans la hiérarchie des genres en peinture aux XVIe siècle, consacrant ainsi la place prise par Le Caravage à Rome. 

 

Dans la chapelle, le tableau de gauche est consacré à la vocation de saint Matthieu. La scène fait référence à un moment très précis décrit dans les Evangiles (Matthieu) :

 

 « Jésus sortant de là vit un homme assis au bureau de la douane, nommé Matthieu, il lui dit « suis-moi ». Et lui se leva et le suivit » [2].

 

La scène se passe dans un bureau de douane. A gauche, assis autour d’une table, un groupe d’hommes, habillés selon les canons vestimentaires au temps du Caravage, compte des monnaies. A droite, debouts, le Christ et saint Pierre, habillés tels qu’ils pouvaient l’être à leur époque. Le Christ tend le bras vers Matthieu et le désigne. Le geste de la main est semblable à celui de Dieu qui éveille Adam à la conscience et l’anime, sur la voûte de la Chapelle Sixtine, sous le pinceau de Michel Ange : doigts semi repliés sauf l’index légèrement courbé mais non tendu [3].

 

« C’est cette main tendue qui franchit « le vide » qui sépare les deux groupes de personnages, séparation entre l’humain et le divin, le péché et la grâce… Avec ce geste, le Christ a engagé un dialogue auquel participent Pierre et Matthieu » [4].

 

Pierre, de dos, reproduit le mouvement de la main du Christ. Matthieu également, comme surpris que cet étranger le désigne du doigt, hésitant à comprendre que c’est lui ou son voisin qui est ainsi appelé. Mais son geste est plus précis, les doigts fermés et l’index tendu. Les autres personnages du groupe semblent peu concernés, deux jeunes hommes se tournent certes vers le Christ mais sans participer à l’action, quant aux deux personnages les plus à gauche, ils continuent à compter l’argent, tête baissée. La lumière provient de la droite, mais passe curieusement au-dessus de la tête du Christ, comme si la lumière venait de plus haut encore. 

 

Derrière une apparente simplicité, une galerie de personnages situés les uns à côté des autres, le tableau est complexe, composé de lignes droites et obliques. Deux lignes droites disposées pour l’une à un tiers du bord droit et pour l’autre à un tiers du bord inférieur. La première ligne sépare les deux blocs de personnages sous la fenêtre avec sa croisée, celui de gauche, le plus important, avec les personnages qui se trouvent à l’intérieur du bureau de douane parmi lesquels se trouve Matthieu, celui de droite composé du Christ et de Pierre. Une ligne horizontale coupe la composition au niveau de la table, les bustes de leurs jambes. 

 

Trois obliques complètent la structure du tableau. Une première qui, partant de la droite traverse tout le tableau, séparant la lumière de l’ombre et se terminant sur le visage de Matthieu. Deux obliques secondaires, l’une basée sur le personnage situé au premier plan, au milieu, l’autre sur la jambe de Matthieu.

 


[1] Saint-Louis-des-Français - Du lundi au vendredi de 9h30 à 12h45 (samedi de 09h30 à 12h15, dimanche de 11h30 à 12h45). Tous les après-midis de 14h30 à 18h30.

[2] Evangile selon saint Matthieu. IX / IX. Ou Evangile selon Saint-Luc. V / 27.

[3] Lire la très intéressante analyse de Giorgio Alessandrini. « La "vocation de saint Matthieu" du Caravage - D'un Michel-Ange à l'autre ». L'Osservatore romano. 28 mars 2010.

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