Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
13 février 2022

Emilie - Romagne (7/28). Ravenne - Ariens et bons Aryens…

Prière de ne pas confondre !

 

 

A Ravenne se visite le baptistère dit « des Ariens », situé à proximité de l’église du Saint-Esprit, initialement nommée Hagia Anastasis (Sainte Résurrection), qui était l’ancienne cathédrale des Ariens. Le presbytère des Ariens possède, au centre de la coupole, une magnifique mosaïque du Ve siècle représentant le baptême du Christ dans les eaux du Jourdain par saint Jean-Baptiste (photo). Le Christ est figuré comme un très jeune homme, imberbe, alors que nous le connaissons généralement plus âgé et barbu. Enfin, dans cette mosaïque, il est également représenté entièrement nu ce qui est peu courant.

 

L'arianisme est une doctrine chrétienne développée par un théologien d’Alexandrie, Arius (256 / 336), d'origine berbère et de langue grecque. À l'époque, le dogme sur la relation entre le « Père » et le « Fils » n’est pas encore fixé. Pour Arius, Jésus-Christ est leFils de Dieu, engendré par Dieu le Père. Le Christ est donc une créature distincte du Père ; il n'est pas de la même nature que Dieu, incréé et éternel, alors que Jésus est créé et temporel. Si le Fils témoigne de Dieu, il n'est pas Dieu et, si le Fils possède un certain degré de divinité, celle-ci est de moindre importance que celle du Père. Par ailleurs, le fils est subordonné au père… 

 

En 325, au concile de Nicée, l’arianisme est condamné. Toutefois, il semble qu’il restait des approximations liées aux termes utilisés sur la nature du Père et du Fils et il faudra attendre l’an 380 pour que, par l'édit de Thessalonique, soit affirmé l'égale divinité des trois personnes divines, le Père, le Fils et le saint Esprit. L'arianisme s’est néanmoins développé en Italie à deux reprises entre la fin du Ve siècle et celle du VIe siècle, la première fois avec l'invasion des Ostrogoths, la seconde fois avec celle des Lombards. Les églises ariennes étaient desservies par un clergé́ semblable au clergé́ catholique, un évêque arien résidait à Ravenne. Il a ensuite disparu au VIe siècle ; l’église Hagia Anastasis de Ravenne fut re-consacrée comme cathédrale catholique en 526.

 

Il ne faut évidemment pas confondre ces Ariens là avec les « bons Aryens » qui ensanglantèrent l’Europe au XXe siècle !

 

Aryens, ou Arya, serait un terme signifiant « noble » qui aurait été utilisé pour s’auto designer par les « Indo-Iraniens », une entité humaine installée au IIIe millénaire av. J-C entre les mers Caspienne et d’Aral, entité déterminée sur la base d’une analyse linguistique soulignant la similitude entre une grande partie des langues européennes avec le sanscrit et le persan (farsi). 

 

Catégorie linguistique à l’origine, cette terminologie est ensuite réinterprétée comme faisant référence à une « ethnicité » ou à une « race ». Le terme est notamment utilisé par l’écrivain et homme politique français, Arthur de Gobineau, comme une catégorie raciale. Pour Gobineau, à la « race » blanche sont attribués rien moins que « le monopole de la beauté, de l'intelligence et de la force » et, en son sein, la « race ariane » serait encore supérieure ! « Plus blanc que blanc » [1] en quelque sorte ! Ce salmigondis pseudoscientifique est repris, dès les origines du parti national socialiste dans les années 1920, par Adolf Hitler et les idéologues du nazisme. Les responsables nazis réinterprètent le concept pour développer l’idée que les Allemands appartiennent à une « race des seigneurs » [2]. Leur idéologie raciale est basée sur l’idée de l’existence d’une catégorie raciale supérieure, issue d’Europe du Nord, caractérisée par sa haute taille, ses cheveux blonds et ses yeux bleus (tous signes distinctifs possédés par Hitler lui-même !), laquelle a migré à travers le monde et fondé toutes les grandes civilisations, avant d'être affaiblie et dégradée pour s’être mélangée avec les populations raciales locales. 

 

Dans les années 30 et 40, cette idéologie aboutit à une séparation nette des habitants de l’Europe entre les aryens et les non-aryens, Sémites et Tsiganes. Cette catégorisation conduisit à la reconnaissance d’un droit de vie et de domination pour les uns, les seconds étant tout simplement condamnés à mort pour éviter que, par leur mélange avec les premiers, ils n’entraînent la dégradation de la société et de la race dite supérieure.

 


[1] Coluche. « La publicité ». 1979.

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 990 361