Borgo - Au pied du Vatican (6/16). Le Passetto et la madonelle miraculeuse.

Du côté du Borgo Pio

Le vicolo del Campanile croise le Borgo Sant’Angelo lequel flanque un tronçon du Passetto di Borgo, ou Corridor, qui relie le château Saint-Ange au palais du Vatican. Le Passetto di Borgo est une passerelle piétonne surélevée, d'environ 800 m de long (photo). L’objectif du Passetto était de permettre au pape d’aller se réfugier en toute sécurité au château Saint-Ange en cas de danger mais aussi de disposer d'un élément fortifié qui permette un meilleur contrôle du quartier.

Le Passetto a été construit en 1277, sur une section des murs d’enceinte du Vatican, par Nicolas III Orsini (1277 / 1280) dont la famille possédait alors le château Saint-Ange qu’elle avait fait fortifier. Ce corridor a été réalisé au cours des travaux de restauration des murs d’enceinte du Vatican lesquels avaient été érigés pour faire face aux menaces de Totila, roi Ostrogoth, en 546, puis aux menaces d’incursion musulmanes (848-852). En 1494, le Passetto di Borgo a notamment permis au pape Alexandre VI Borgia de se réfugier au Castello Sant’Angelo lors de l'invasion de Rome par les milices du roi de France Charles VIII. En 1527, le pape Clément VII de Médicis s’y réfugia à son tour en utilisant le Passetto lors du sac de Rome effectué par les lansquenets protestants de Charles Quint [1].

Le vicolo del Campanile croise ensuite le Borgo Pio qui relie la Via di Porta Castello à la Via di Porta Angelica. Le nom de la rue dérive du nom du pape qui l'a faite construire, en 1565, Pie IV de Médicis (1559 / 1565). Pie IV a décrété que cette voie devait être surélevée afin de diminuer les risques d’inondation du Tibre, ainsi qu’en créant un système d’égouts. Afin que la rue soit lotie et urbanisée, le souverain-pontife accorda de nombreux privilèges à ceux qui souhaitaient construire des maisons dans cette rue, notamment à des courtisanes [2] !

A l’angle du Vicolo del Campanile avec le Borgo Pio, il y a une gracieuse Madonnelle sur l’angle de la façade, au niveau du premier étage. C’est un petit oratoire représentant généralement la Vierge, souvent placé en hauteur à un carrefour,. Les passants ne manquaient pas d’y faire leur signe de croix à défaut d’une prière. La pratique remonte à la Rome antique qui confiait aux dieux Lares (des divinités peut-être d’origine étrusque) la protection des intersections entre deux ou plusieurs routes. Jusqu’au début du XXe siècle, les habitants des quartiers se chargeaient de leur entretien, notamment d’allumer les lanternes dont elles peuvent être dotées et qui assuraient un éclairage nocturne.

Le médaillon ovale contient une fresque du XVIIIe siècle représentant une Vierge à l'Enfant. Le médaillon est entouré d’un cadre en stuc orné de festons et, à la base, de deux têtes de putti. En 1797, Pie VI Braschi (1775 / 1799) fit placer sous cet édicule une inscription indiquant qu'une indulgence serait accordée à tous les fidèles priant devant la madonelle.  C’est que, lors de la Première Campagne d’Italie (1796 / 1797), les armées de la République française, conduites par le général Bonaparte, envahissent le 12 juin 1796 une partie de l’État pontifical (légations de Bologne et Ferrare), contraignant le pape à la signature de l’armistice de Bologne le 23 juin 1796. La France s’arrête là, mais exige le versement de 21 millions de livres d’or, des objets d’art et manuscrits, le contrôle du port d’Ancône. Le 25 juin, à Ancône, les habitants, effrayés par la nouvelle des razzias françaises, se réfugient dans la cathédrale pour prier afin que leur ville soit épargnée de l'invasion des armées républicaines. Le jour où les troupes françaises s'apprêtent à entrer dans la ville, une veuve de trente ans, Francesca Marotti, aurait vu bouger les yeux de la Madone, dite « Reine de tous les saints », exposée dans la cathédrale. Plusieurs madonelles romaines [3], situées dans différents quartiers de Rome, se seraient également mises à pleurer ou à bouger des yeux le 9 juillet suivant ! L’inscription placée sous cette madonelle par le pape suggère qu’elle aurait aussi eu des manifestations miraculeuses à cette occasion.

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[1] A l'occasion du Jubilé de l'an 2000, le Passetto avait été remis en service. 

[2] Cf. site RomaSegreta. « Borgo Pio ».

[3] La liste officielle comprend notamment les Madonna Addolorata, madonna dell’Archetto, madonna della Provvidenza, madonna del Rosario, madonna dell'Arco dei Pantani et madonna de l'église San Niccolò dei Prefetti.

Liste des promenades dans Rome et liste des promenades dans le rione de Borgo.

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