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Notes d'Itinérances
31 mai 2022

Parione - Entre Campo dei Fiori et Place Navone (6/21). Le palais Braschi, musée de Rome.

Nouveau pape / Nouveau palais - Un palais néo-Renaissance

 

 

Au fond de la placette San Pantaleo se dresse le palais Braschi. En 1790, le pape Pie VI Braschi (1775 / 1799) achète le Palazzo Santobono qui avait été construit en 1435 par la puissante famille des Orsini. En 1501, le cardinal Carafa y avait fait édifier un second corps de bâtiment qui comprenait le fragment d’un groupe sculpté antique trouvé à proximité de l’édifice et qui devait faire beaucoup parler de lui par la suite, « Pasquino ». Le palais était habité, au XVIe siècle, par le Cardinal Oliviero Carafa puis par le Cardinal Antonio Ciocchi del Monte qui fit ériger par Antonio da Sangallo le Jeune, en 1516, une tour historiée au coin de la Place Navone et de Via della Cuccagna. Pie VI Braschi fait construire un nouveau bâtiment, par Cosimo Morelli dans un style néo-Renaissance (photo), en utilisant en partie des ressources financières provenant de l’église catholique (!). Le style du palais servira ensuite de modèle pour de nombreux édifices de la fin du XIXe siècle notamment au long de la nouvelle voie du corso Vittorio Emanuele

 

Selon une coutume bien établie dans la papauté, celle du népotisme [1], Pie VI nomme cardinaux ses neveux Romualdo et Luigi Onesti, leur accorde le droit de porter le nom de Braschi et leur confie des responsabilités dans l’État pontifical. Avec l’érection de ce palais, en plein cœur de Rome, l’objectif est d’affirmer la famille Braschi parmi les grandes familles romaines en y déposant également une collection d’antiques. Paul VI favorise les fouilles dans Rome et les États pontificaux, freine les exportations d’œuvres d’art et acquiert lui-même des antiques.

 

Le palais est en forme de trapèze. Les premiers niveaux en pierre de taille, en fort relief, les coins en pierre de taille en saillie, les rangées de fenêtres des deux étages nobles, le premier à pignons curvilignes et le second à pignons triangulaire, les bandes de travertin qui divisent les étages, autant d’éléments architecturaux qui font référence aux palais romains de la seconde Renaissance. La corniche du dernier niveau est décorée de métopes avec les étoiles et les lys des armoiries de Braschi, alors que les fenêtres du rez-de-chaussée sont surmontées de têtes de lion avec une pomme de pin dans la bouche, des armes de la famille Onesti. L'entrée principale du palais est située sur la piazza San Pantaleo, elle débouche sur une cour intérieure quadrangulaire, aux coins coupés, où sur la gauche est situé le grand escalier d’honneur. La cour présente quatre grands portails disposés en croix en correspondance avec les portails extérieurs. Les troisième et quatrième étages sont en retrait des deux premiers afin de former une grande terrasse qui fait le tour de la cour.

 

En 1798, le pape Pie VI est contraint par la République française de renoncer à son pouvoir temporel et doit se contenter de son pouvoir spirituel, puis il est fait prisonnier et meurt en exil en France l’année suivante. Pendant l’occupation française, de nombreuses œuvres d’art conservées dans le palais seront prises comme dommages de guerre et expédiées en France pour enrichir les collections du Museum central des arts de la République, puis musée Napoléon (musée du Louvre). Toutes ne seront pas rendues à l’Italie ! Luigi Onesti Braschi, neveu du pape défunt, s’installe dans le palais et embrasse si bien la cause napoléonienne qu’il est nommé maire de Rome quand Rome est déclarée ville impériale. Il connait ensuite des difficultés financières qui ne lui permettent pas de finir la décoration du palais et qui le conduisent à vendre une partie de ses collections. Des 55 sculptures qui ornaient encore le palais en 1816, seules 10 subsistent aujourd'hui.

 

En 1871, le palais a été acheté par l'État italien. Après la seconde guerre mondiale, plus de 300 familles sans abri y ont vécu jusqu'en 1949 entraînant de sérieux dommages aux fresques en raison des feux qui étaient allumés à l'intérieur. Après avoir hébergé le ministère de l’Intérieur, le palais abrite le Museo di Roma sur l’histoire de la ville [2]. Le musée rassemble une grande variété d’œuvres d’art liées à l’histoire de Rome depuis le Moyen Age jusqu’à la première moitié du XXe siècle.

 


[1] Le terme est emprunté en 1653 à l'italien, « nepotismo » lui-même dérivé de « nepote » (neveu), par référence au favoritisme accordé par un pape à l'un de ses neveux par la cession indue de titres ecclésiastiques ou de donations réservées au Vatican.

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