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Notes d'Itinérances
2 juin 2022

Parione - Entre Campo dei Fiori et Place Navone (7/21). Le Palais Massimo alle colonne.

Un palais Renaissance - Une grand emodernité de formes

 

 

Le corso Vittorio Emanuele est une voie moderne, percée en 1885 dans le lacis des rues médiévales. Elle devait permettre de traverser Rome d’est en ouest en se branchant sur le pont Sant'Angelo. Elle n’est pas parfaitement rectiligne car il fallut tenir compte des nombreux édifices remarquables qu’il fallait plus ou moins contourner ou, au contraire, mettre en valeur pour donner du lustre à cette nouvelle artère : l’église Sant’Andrea della Valle, le Palais de la Chancellerie ou la Chiesa Nuova par exemple. Cela explique quelques originalités du tracé comme la placette devant le palais Massimo alle Colonne lequel bordait autrefois la via Papalis. La façade du palais Massimo alle Colonne est imposante, très simple, d’une austère rigueur (photo). Seules décorations, une large corniche séparant le rez-de-chaussée du premier étage, une série de colonnes doriques formant loggia pour l’entrée et des fenêtres rectangulaires simplement encadrées. La forme convexe de cette façade est notamment due au fait qu’elle est construite sur les ruines de la cavea de l’Odéon de Domitien [1].

 

Cette simplicité et cette austérité m’ont fait croire, lors de mes premières promenades, qu’il s’agissait d’un monument des années 1920/30 ! J’étais donc passé bien vite, sans faire l’effort d’y aller voir de plus près. Mais le palais Massimo a été construit de 1532 à 1536 par Baldassare Peruzzi sur les restes d’un édifice du quattrocento détruit pendant le sac de Rome de 1527 ! Cette façade présente une modernité remarquable et est reconnue comme l'une des plus magistrales de son époque, alliant à la fois élégance et rusticité sévère. La façade du palais Massimo alle Colonne n’est pas sans faire penser à la maison Steiner (1910) d’Adolf Loss à Vienne : une grande façade simple avec un rez-de-chaussée agrémenté de quelques colonnes. L'entrée est caractérisée par un portique central avec six colonnes doriques, jumelées et simples. À l'intérieur, il y a deux cours, dont la première présente un portique avec des colonnes doriques comme soubassement d’une riche loggia qui est également agrémentée de colonnes doriques. Ces décorations de colonnes ont donné le nom au palais, « alle Colonne » (aux colonnes) afin de le distinguer des autres palais de la famille Massimo.

 

Le palais Massimo est composé de trois bâtiments, le bâtiment principal « alle Colonne », puis « di Pirro », tous deux sur le Corso, et enfin « Istoriato » (historié), à l’arrière sur la piazza dei Massimi. Le Palazzo di Pirro poursuit, à gauche, la façade du bâtiment principal. Il doit son nom à une gigantesque statue de Mars retrouvée lors de la construction et dont on pensait qu’elle représentait Pyrrhus, roi d'Épire… celui des victoires sans lendemains (s’il avait vaincu les Romains en 279 av. JC, il avait néanmoins dû se replier). Ce palais a été conçu en même temps que le Palazzo alle Colonne par Giovanni Mangone, un élève d'Antonio da Sangallo le Jeune. 

 

À l'intérieur du palais, la salle du discobole tire son nom d’une copie romaine en marbre du célèbre chef-d'œuvre du sculpteur grec Myron, récupérée en 1781 de la Villa Palombara acquise par les Massimo aux Savelli. Le plafond de la salle, doré et sculpté, comprend une frise peinte par Giulio Romano représentant l'histoire de la fondation de Rome. Dans une autre salle du 1er étage, Daniele da Volterra a peint les exploits mythiques de Fabio Massimo, chef militaire romain qui serait l'ancêtre de la famille.

 

Chaque 16 mars, le palais est ouvert par la famille Massimo aux visiteurs pour leur permettre de se recueillir dans la chapelle familiale du deuxième étage. Le 16 mars 1583, le jeune fils de la famille Massimo mourût à l’âge de 14 ans. Philippe Néri [2], un ami de la famille, accourut et se mit à prier à ses côtés, à l’appeler par son nom. L’enfant serait revenu à la vie pour annoncer qu’il était heureux car il avait retrouvé sa mère et sa sœur au paradis. Puis, l’enfant aurait rendu l’âme. La chambre de l’enfant fut alors transformée en chapelle privée, puis élevée au rang d’église en 1839 [3].

 


[1] L'Odéon était un petit théâtre couvert, situé au sud du stade de Domitien, destiné en particulier aux spectacles de musique, de poésie ou d’éloquence.

[2] Philippe Neri fonda la Congrégation de l'Oratoire qui s'installera dans l'église de la Chiesa Nuova ; il sera canonisé en 1622. Il semble qu’il ne manquait pas d’humour. A une personne qui lui vantait les transports mystiques d’une pieuse jeune fille, il aurait répondu : « Qu’on la marie ! ».

[3] Visites chaque 16 mars !

 

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