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Notes d'Itinérances
4 juin 2022

Parione - Entre Campo dei Fiori et Place Navone (8/21). Le Palazzo Massimo Istoriato.

Des fresques en grisaille - Le livre de Judith

 

 

Le Palazzo Massimo Istoriato (Palais Massimo historié), fait partie de l'insula formée par le Palazzo Massimo alle Colonne et le Palazzo Massimo di Pirro. Cet ensemble de trois palais a été constitué par la famille romaine noble des Massimi et érigé sur la base de l’Odéon de Domitien. L’ensemble, conçu par Baldassare Peruzzi, de 1532 à 1536, intègre les restes d’un édifice du quattrocento détruit pendant le sac de Rome de 1527. Le Palazzo Massimo Istoriato, après des passages par différents propriétaires, est devenu au XVIIe siècle le Généralat des Piaristes [1].

 

Le palais Massimo Istoriato peut être admiré sur la placette située à l’arrière du corso Vittorio Emanuele, la piazza dei Massimi. Celle-ci est malheureusement transformée en parc à voitures autour d’une colonne romaine qui aurait appartenu à l'Odéon de l'empereur Domitien et qui a été réédifiée en 1950 à cet endroit. La façade du Palazzo Massimo Istoriato est à trois étages avec des fenêtres architravées au premier niveau. Elle comporte un portail de la Renaissance et deux portes cintrées surbaissées. Sa façade est décorée de fresques en grisailles, peintes en 1523 par Daniele da Volterra et ses élèves [2], à l’occasion du mariage d'Angelo Massimo avec Antonietta Planca Incoronati. 

 

« … et toute la façade était couverte de curieuses fresques grises et déteintes, qui devaient représenter des scènes de batailles, et des triomphes de galères sur une mer impétueuse. On voyait vers le bas d’énormes chevaux blancs aux grosses cuisses et aux queues tressées, chevauchées par des chevaliers en armures bleues » [3].

 

Les fresques représentent douze scènes extraites du livre de Judith disposées en bandes longitudinales superposées qui se développent dans les espaces libres entre les fenêtres [4]. Du haut vers le bas : Dialogue entre Holopherne et Achior, Mariage de la Vierge, Judith réconforte le peuple de Béthulie, Judith sort de la porte de Béthulie, Décapitation d’HolopherneDissimulation de la tête d’HolopherneJudith montre la tête d’Holopherne, Scènes de bataille… la suite est peu lisible. La façade monochrome a été restaurée en 1877 et à plusieurs reprises dans les années 1900. Les outrages du temps les rendent aujourd’hui peu visibles. Bien qu’en mauvais état, leur connaissance m’aurait peut-être évité ma bévue sur la datation de la façade principale du palais Massimo !

 

Le rez-de-chaussée du bâtiment aurait accueilli l'une des premières imprimeries de Rome, ouverte par deux imprimeurs allemands venus du monastère bénédictin de Santa Scolastica, à Subiaco (70 km à l'est de Rome). Ils auraient reçu l'hospitalité des princes Massimo dans cette partie de son palais. L'imprimerie a commencé son activité en publiant, en 1467, le « De civitate Dei » (La cité de Dieu) de saint Augustin. En six ans d'activité, 12 475 volumes furent publiés.

 

De l'autre côté de la place dei Massimi est situé le couvent de San Pantaleo, du XVIe siècle. Le bâtiment a été acquis en 1612 par San Giuseppe Calasanzio. Il y installa sa congrégation des Clercs réguliers des écoles pies, ou Piaristes, à qui l'église de San Pantaleo voisine a également été confiée. Enfin, au XVIe siècle, les courriers partaient de cette place car la famille Massimo était surintendante de la poste pontificale. La rue qui part de la place dei Massimi vers la piazza Navona en rappelle le souvenir : « via della Posta Vecchia ». Puis, la poste a été déplacée, en 1582, au Palazzo Madama [5].

 


[1] Les Clercs réguliers des écoles pies, ou Piaristes, sont des clercs réguliers, de droit pontifical, voués à l'éducation chrétienne, un ordre religieux créé en 1617 et approuvé par Grégoire XV Ludovisi en 1621.

[2] Sur la base d’un dessin de Polidoro da Caravaggio qui est superposable à l’une des figures de la façade, Monica Latella attribue ces fresques à Polidoro da Caravaggio, grand spécialiste de ce type de fresques à Rome.

[3] Giorgio Vigolo. « La Virgilia ». 1982.

[4] Monica Latella. « Gli affreschi della facciata del Palazzetto Massimo Istoriato - un disegno di Polidoro da Caravaggio per le ‘Storie di Giuditta ».Bollettino d’Arte. N°4.  Octobre / décembre 2014.

Les exploits de Judith sont relatés dans des textes exclus de la religion juive (et considérés comme apocryphes par les Églises protestantes), mais acceptés comme canoniques par les Églises catholique et orthodoxe. Voir « Trevi Quirinal - Un quartier de perles baroques, Judith et Holopherne »

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