Romaines ! (23/25). Giulietta Masina (1921 / 1994).

Rione Campo Marzio / Via Margutta

Située au pied des pentes du Pincio, entre la piazza del Popolo et la piazza di Spagna, la via Margutta accueille depuis 1953, à la fin avril, l’exposition « Cento Pittori a via Margutta » (Cent peintres à la rue Margutta), un événement pour les amateurs d’art de la capitale. L'exposition est parrainée par la Municipalité de Rome, la Cité Métropolitaine de Rome-Capitale et la Région du Latium. C’est qu’au cours des siècles le quartier a accueilli de nombreux artistes peintres, Pierre Paul Rubens, Orazio Gentileschi, Nicolas Poussin et, plus récemment, Giorgio de Chirico, Renato Guttuso, Pablo Picasso, Jusepe de Ribera, ou encore l’atelier du sculpteur Antonio Canova.

Le quartier a aussi accueilli le tournage de quelques films. Aux n°51-53, une entrée conduit à des ateliers d’artistes ; c’est ici que furent tournées des séquences de « Roman Holiday » de William Wyler (Vacances romaines, 1953). Une jeune et jolie princesse (Audrey Hepburn), lassée du protocole draconien d’une visite officielle, s’enfuit de l’ambassade pour se promener dans les rues de Rome. Elle y rencontre un jeune et beau journaliste américain (Gregory Peck) qui la recueille et l'emmène finir sa nuit chez lui, via Margutta (en tout bien tout honneur bien sûr !). Le lendemain, après une journée de visite de la ville en Vespa, elle décide sagement de retourner à l’ambassade. 

Le film « Via Margutta » (traduit en français par La rue des amours faciles !), est une comédie de mœurs ayant pour décor cette rue. Réalisé par Mario Camerini, en 1959, c’est un portrait de quatre femmes : l'une veut rester une éternelle enfant ; l’autre, plus vieille, épouse un bellâtre bon à rien ; la troisième se sacrifie à un homme odieux ; une dernière tente de sauver son mari du suicide. Cette rue d’artistes est un prétexte à décrire des comportements plus marginaux (du moins à l’époque), ce que souligne d’ailleurs le titre français, plus « accrocheur ».

Giulietta Masina et son mari, Federico Fellini, ont habité au n°110 de la via Margutta. Une plaque commémorative, avec une caricature des deux artistes, du peintre Nino Za, est apposée sur le mur de l’immeuble.

Giulia Anna est née près de Bologne, en 1921, d'une mère enseignante et d'un père violoniste et professeur de musique [1]. Elle fait des études de lettres et de philosophie, obtient une maîtrise en archéologie religieuse, et rédige une thèse sur « la résurrection de Lazare ». Elle débute dans une troupe théâtrale d’étudiants. En 1942, elle est l'héroïne d'une fiction radiophonique racontant la vie d'un jeune couple, Cico e Pallina ; à cette occasion, elle rencontre l'un des auteurs du programme, Federico Fellini, qu'elle épouse en 1943. Ses débuts au cinéma datent de 1946 comme figurante dans « Paisa » de Roberto Rossellini.

Elle joue notamment dans sept films de Federico Fellini ; son rôle de Gelsomina dans « La Strada », Lion d'Argent à Venise en 1954 et Oscar du Meilleur film étranger en 1956, la fait connaître mondialement. Dans « Le notti di Cabiria » (Les Nuits de Cabiria), Giulietta Masina est bouleversante dans un rôle de prostituée au grand cœur. A Rome, Cabiria, une prostituée, gentille et naïve, échappe à la noyade après avoir été dépouillée par celui qu’elle croyait être son grand amour, puis elle fait la connaissance du gentil et timide Oscar (François Périer), un nouveau grand amour jusqu’au soir où Oscar s’enfuit avec ses économies. Au petit matin, après avoir voulu se suicider, Cabiria reprend espoir au son de l’aubade de jeunes musiciens. Pour ce film, l'actrice obtient le Prix d'interprétation au festival de Cannes de 1957. 

Sa silhouette menue, son visage d’enfant, lui ont souvent fait interpréter des rôles de personnages naïfs évoluant dans des univers cruels. Giulietta Masina est souvent appelée « le Chaplin féminin ». Au cours de sa carrière, Giulietta Masina a remporté onze récompenses dont deux David di Donatello de la meilleure actrice principale, quatre Ruban d’argent, le prix de la meilleure interprétation féminine aux Festivals de Cannes et de San Sébastian, un Prix d'honneur de la Caméra de la Berlinale au Festival du film de Berlin… Elle meurt des suites d'un cancer du poumon en 1994.

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[1] Michela Micheli. « Giulietta Masina : a Biographie de Gianfranco Angelucci ». Le PetitJournal. 06/03/2021.

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