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Notes d'Itinérances
25 juillet 2023

Pinciano - Le parc Borghese (6/12). Les Caravage de la Galerie Borghese.

Sept Caravage d’un seul coup ! 

 

 

C’est à la Villa Borghese qu’il est possible d’admirer le plus grand nombre de Caravage au monde, sept d’un coup ! « Portrait du pape Paul V », « Le jeune Bacchus malade », « Le jeune homme à la corbeille de fruits », « La Madone des palefreniers », « Saint Jérôme », « Saint-Jean-Baptiste », et l’extraordinaire « David tenant la tête de Goliath » (photo) [1].  

 

La période de la production picturale du Caravage (1571 / 1610) est courte, elle est comprise entre 1592 / 1596 (arrivée à Rome) et 1610 (décès). Les grands contemporains du Caravage sont, en peinture, Federico Zuccari (1539 / 1609), Annibal Carrache (1560 / 1609), Cesari dit le Chevalier d’Arpin (1568 / 1640), Pierre Paul Rubens (1577 / 1640) et, en architecture, Giacomo della Porta (1532 / 1602) et Carlo Maderno (1556 / 1629). Tout a été dit de la vie aventureuse du Caravage : son caractère violent et bagarreur, ses beuveries, ses duels et pour finir l’assassinat de son adversaire suite à une partie de jeu de paume ; puis la fuite, la traque dont il fut l’objet de la part du pape, la mort enfin, en 1610, à Porto Ercole à une journée de cheval de Rome [2].

 

Les œuvres de Caravage, même ses tableautins de style maniériste de ses débuts, sont marqués par la violence, la déchéance et la mort. Certaines de ses œuvres sont particulièrement brutales et sanguinaires : Judith tranchant de son glaive la tête d’Holopherne (Palais Barberini), (La décollation de Saint-Jean-Baptiste » (cathédrale Saint-Jean à Malte), « Le sacrifice d’Isaac » (Les Offices à Florence), car l’artiste n’y fait grâce de rien, il souligne la peur, la cruauté, la souffrance, le sang qui gicle des plaies. 

 

Dans ses œuvres exposées à la galerie Borghese, il souligne aussi la maladie (« Le jeune Bacchus malade » est d’un jaune cadavérique), la vieillesse (la sainte Anne de « La Madone des palefreniers » est une personne âgée, ridée, bien loin des canons habituels de sa représentation ; son saint Jérôme écrivant est un très vieil homme, usé). Même dans « Le garçon à la corbeille de fruits », la déchéance n’est pas loin, dans la corbeille de fruits elle-même, par la représentation très réaliste des fruits avec des tâches de tavelure, des feuilles de vigne jaunies, des figues éclatées.

 

Ce Caravage n’était pas très « fréquentable » se moquant bien de la bienséance. Ses modèles pour les représentations de sainte (« Madeleine pénitente ») ou de Marie (« Le repos pendant la fuite en Égypte ») il va les chercher parmi les prostituées ! Sa « Madone des palefreniers » ressemble étonnamment à une courtisane avec qui il était très lié. Sa Marie de « La mort de la Vierge » aurait été dessinée d’après le cadavre d’une prostituée noyée dans le Tibre. Ses jeunes garçons sont des éphèbes très ambivalents. 

 

Comme quelques commanditaires ecclésiastiques finissaient par refuser certaines de ses œuvres en raison de détails qui les choquaient, par exemple les pieds sales des pèlerins de « La Madone des palefreniers », ou la pose et le tain du cadavre dans « La mort de la Vierge », quelques collectionneurs en profitèrent pour augmenter leur collection. 

 

Dernière œuvre saisissante de la Galerie, le « David tenant la tête de Goliath », réalisée vers 1606 / 1607. Outre le traitement sombre et macabre de la scène avec cette tête aux yeux ouverts comme si elle était encore vivante, dégoulinante d’un sang visqueux et sombre, le tableau est d’autant plus poignant que ce Goliath est un autoportrait (photo) ! Comme si Le Caravage offrait sa tête au Pape pour pouvoir obtenir l’autorisation de retourner à Rome. Et c’est bien de cela qu’il s’agissait car sur l’épée de David, qui consacre la victoire du bien sur le mal, est portée l’inscription « H.AS O S », initiales de la devise « humilitas occidit superbiam » (« L'humilité tue l'orgueil »). Par cette œuvre envoyée au cardinal Scipion Borghese, neveu du Pape, Le Caravage implorait la clémence d’un Pape si puissant qu’il aurait pu la donner sans déchoir.

 


[1] Site de la Galerie Borghese. « Le Caravage ». 

[2] Les ouvrages qui m’ont semblé les plus intéressants sur Caravage :

Roberto Longhi. « Le Caravage ». 2004. 

Gérard-Julien Salvy. « Le Caravage ». 2008.

 

Liste des promenades dans Rome et Liste des promenades dans le quartiere de Pinciano 

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