La traversée de Rome par le Corso (6/26). La Piazza del Popolo de Guiseppe Valadier - Rione Campo Marzio.

Le réaménagement de la place par Valadier

A partir de 1793, Giuseppe Valadier (1762 / 1839) a été chargé de réaménager la place. Il proposa la forme elliptique actuelle avec une fontaine centrale autour de l’obélisque, la création de deux fontaines latérales ainsi que l'agencement de terrasses en cascade sur la colline du Pincio (photo).

«… je ne saurais exprimer le trouble, le saisissement, que me causa l’aspect lointain de la ville éternelle, au milieu de cette immense plaine nue et désolée… Tout à mes yeux devint grand, poétique, sublime ; l’imposante majesté de la Piazza del Popolo, par laquelle on entre dans Rome, en venant de France, vint encore, quelque temps après, augmenter ma religieuse émotion » [1].

L’obélisque Flaminio, situé au centre de la piazza del Popolo, dans l’axe du Corso et de la Porta del Popolo, ouvre le magnifique éventail urbain des trois voies du Trident. C’est le plus ancien obélisque de Rome après celui du Latran, mais le premier transféré à Rome. II a été́ taillé à l'époque de Seti Ier (13e siècle avant JC) et érigé́ dans le temple du Soleil d'Héliopolis. Auguste a ordonné́ de l'amener à̀ Rome avec l'obélisque de Campense (Piazza Montecitorio) et de le placer sur la spina du Circus Maximus, où il sera rejoint par l'obélisque du Latran trois siècles plus tard. Il est en granite rouge d'Assouan, mesure 23,30 mètres et pèse 235 tonnes. Avec la base et la croix, il atteint une hauteur totale de 36,50 mètres. L’obélisque a été́ retrouvé en 1587, ainsi que celui du Latran, lors de fouilles sur l’ancien cirque Maxime à sept mètres de profondeur, brisé en trois morceaux. Sixte Quint Peretti (1585 / 1590) demanda à l’architecte Domenico Fontana, en 1589, d’ériger ce quatrième obélisque sur la piazza del Popolo. C’est de cet emplacement qu’il tire son nom puisqu’il est situé́ à l’extrémité́ de l’antique via Flaminia avant qu’elle ne se ramifie en trois voies dans la ville. 

Au pied de l’obélisque se trouvait une fontaine, œuvre de Giacomo Della Porta, aujourd'hui installée sur la piazza Nicosia. En effet, dans le cadre des nouveaux aménagements de la place par Guiseppe Valadier celui-ci avait jugé cette fontaine trop petite et il en a conçu une nouvelle, la fontaine des Lions. Elle est composée de quatre bassins ronds en travertin, alimentés par l’eau sortie de la gueule de quatre lions de marbre, de style égyptien, placés au sommet de pyramides tronqués à sept degrés [2]. L’ensemble, bassins et obélisque, étant disposé sur une volée de cinq marches.

Sur chacun des côtés de la place, à l’Est et à l’Ouest, au centre de deux demi-cercles qui ferment les côtés de la place, deux fontaines ont été construites en 1822 / 1823, de forme identique et qui ne diffèrent que par leur ornementation. Elles sont composées d'un grand bassin semi-circulaire au-dessus de laquelle une demi-vasque de travertin, adossée à un muret, contient à son tour une petite vasque qui reçoit l'eau jaillie du mur. La fontaine, côté́ Tibre, reçoit l’eau de l’aqueduc de l'Aqua Virgo. Elle est décorée d’une statue de Neptune entre deux tritons dont la composition rappelle celle de la fontaine de Trevi. La fontaine, côté́ Pincio, plus statique, est dominée par une statue de la déesse Rome, armée d’une lance, et flanquée de deux colosses semi-allongés représentant le Tibre et son affluent l’Aniene. Aux pieds de la déesse se trouve la louve allaitant les jumeaux Remus et Romulus, une représentation célébrant les origines légendaires de la ville [3]. Il fallut donc plus de trois siècles pour aménager cet ensemble urbanistique qui paraît pourtant aujourd’hui d’une grande cohérence, de l’époque de la Renaissance (le Trident, la porte, l’obélisque) à l’époque classique (la forme de la place, les murs de soutènement et les jardins côté Pincio, les fontaines, les statues), en passant par le baroque (la décoration de la porte et les deux églises encadrant le Corso) ! 

Deux grands cafés sont situés sur la place. A l’Est, le « Canova » qui s’enorgueillit d’avoir été le café préféré de Fellini qui avec Giulietta Masina habitaient à deux pas, via Margutta, et à l’Ouest, le « Rosatti » qui se proclame le café des écrivains. Mais, ils seraient aussi divisés entre droite et gauche politiques : la tradition voudrait que le « Canova » soit plutôt fréquenté par la droite, le « Rosatti » plutôt par la Gauche.

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[1] Hector Berlioz. « Mémoires ». 1865.

[2] Sovrintendenza Capitolina ai Beni Culturali. « Fontana dei Leoni in Piazza del Popolo ».

[3] Sovrintendenza Capitolina ai Beni Culturali. « Fontana della Dea Roma in Piazza del Popolo ».

Liste des promenades dans Rome - liste des articles sur la traversée de Rome par le Corso

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