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Notes d'Itinérances
6 janvier 2014

URSS 1988 (20/28). Monastères, religion et limousine du métropolite.

Des monastères impressionnants - Des rapports Etat / Eglise pas si antagonistes - Le cimetière des gloires nationales

 

 

 

« Ecoutez, Vous avez gagné un voyage dans un pays où les monastères sont le principal attrait touristique. Si vous vouliez voir des pyramides, il ne fallait pas venir ici ! »[1].

 

Nous avons aussi notre part de visites de monastères, mais sans excès, et de plus, ils sont magnifiques !

 

Kolomenskoïé, avec ses tours à bulbes dorés constellés d’étoiles d’or, est situé dans un coin encore un peu sauvage des environs de Moscou, au bord de la Moskova. Mais, dans le proche horizon les grands ensembles d’immeubles se rapprochent vont bientôt envahir tout l’espace, chassant les petits jardins ouvriers qui occupent les berges du fleuve.

 

Novo-Diévitchi est entouré d’un lourd rempart renforcé de douze fortes tours ayant un air médiéval malgré sa construction au cours du XVIe siècle. Il est dominé par les bulbes à croix dorées de la cathédrale de Smolenks et les coupoles baroques de l’église de la transfiguration. Depuis 1980, il est la résidence du métropolite de Kroutitsy et Kolomna.

 

Les rapports entre le pouvoir soviétique et l’église orthodoxe ont été des plus fluctuants. Après une période de lutte antireligieuse intense, de 1927 à 1940, au cours de laquelle le nombre des églises orthodoxes est passé de près de 30 000 à moins que 500, Staline a recherché l’appui de l’Église dans la Grande guerre nationale. Les séminaires et les églises furent alors partiellement rouverts. En 1959, Khrouchtchev a relancé la lutte antireligieuse laquelle s’est poursuivie sous la période de la « glaciation ».

 

Avec la nomination de Gorbatchev, les relations entre l’église et l’Etat ont progressivement changé. A Tachkent, en 1986, Mikhaïl Gorbatchev fait encore un discours dans lequel il invite à lutter contre les manifestations religieuses mais, en 1988, le millénaire de la christianisation de la Russie est célébré très officiellement. C’est en effet en 988 que les habitants de Kiev, sur décision de leur prince Vladimir, descendent dans le Dniepr pour y recevoir le baptême. Ce geste est l’acte fondateur de la christianisation de la Russie et de son appartenance à l’église orthodoxe.

 

A cette occasion, Mikhaïl Gorbatchev reçoit le patriarche de Moscou, Monseigneur Pimène, en grandes pompes au Kremlin, le 29 avril. Il annonce même la promulgation d’une loi sur la liberté religieuse et la restitution des lieux de culte à l’église orthodoxe. Un rapport officiel aurait en effet constaté que la religion n’avait pas été éradiquée en URSS et que 70% des soviétiques se déclaraient encore orthodoxes !

 

Le pouvoir soviétique soigne désormais l’église et, devant le monastère, stationne l’énorme limousine du métropolite, un paquebot soviétique taillé sur le modèle américain et mise à sa disposition par le gouvernement.

 

Comme d’autres monastères prestigieux, l’enceinte du couvent de Novo-Dievitchi fut choisie par la noblesse russe comme lieu de sépulture. En 1898, on ouvrit un nouveau cimetière hors des murailles du couvent où sont ensevelies plusieurs des gloires nationales. Des écrivains : Nicolas Gogol (1809 / 1852), Anton Tchékhov (1860 / 1904), Vladimir Maïakovski (1893 / 1930) ; des musiciens : Alexandre Scriabine (1871 : 1915), Serge Prokofiev (1891 / 1953), Dimitri Chostakovitch (1906 / 1975)… mais aussi Constantin Stanislavski (1863 / 1938) célèbre homme de théâtre, Fédor Chaliapine (1873 / 1938), chanteur d’opéra, Pierre Kropotkine (1842 / 1921), théoricien révolutionnaire. J’en passe…

 

C’est malheureusement au retour de notre voyage que nous découvrons l’existence de ce panthéon des gloires nationales russes.

 


[1]  Binet. « Les Bidochon en voyage organisé ». 1984.

 

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