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Notes d'Itinérances
13 mai 2019

Chronique burkinabée - 1990 / 2005 (7/32). Restaurants de Ouagadougou.

Manger italien, libanais, alsacien, bavarois ou gascon… Tout est possible

 

 

Le « Verdoyant » est un restaurant de plein air, situé en plein centre-ville, près du Rond-Point des Nations-Unies, celui au milieu duquel trône une magnifique boule constituée d’arceaux métalliques figurant les méridiens et sur lesquels sont représentés les différents continents peints en bleu. Il possède un petit jardin, protégé par des flamboyants. Spécialité de la maison : les pizzas ! Le « Tam-Tam », sur la route de Bobo Dioulasso, à deux kilomètres environ du centre-ville : les tables sont placées sous des arbres ou des paillotes. La carte présente quelques spécialités assez étonnantes comme de la charcuterie bavaroise, de la choucroute ou des escalopes viennoises. Vous l’avez deviné, la patronne est d’origine allemande ! Cuisine impeccable et prix très raisonnables.

 

Le « Belvédère », dans la rue de l’ambassade américaine. C’est une villa entourée d’un jardin. Le soir où nous y avons dîné, nous avons eu droit à un gros orage et, si les tables étaient protégées par de vastes bâches, l’eau finissait par s’introduire dans les fentes et dégoulinait sur les convives. Cuisines italienne et libanaise, la patronne étant libanaise, bien entendu ! « Rive droite », mais rive droite de quoi ? Il n’y a pas de fleuve à Ouaga. Encore un restaurant dans une villa de la rue de l’ambassade américaine, autant dire, les beaux quartiers. L’ouverture en est récente, les propriétaires sont des français venus de Côte d’Ivoire où ils trouvent que décidément « cela sent le roussi » [1]. « Le Pub » est situé au rez-de-chaussée d’un immeuble proche du grand marché. L’intérieur est décoré façon « ferme rustique », ambiance feutrée et lumière très tamisée. Les spécialités culinaires sont issues du Sud-ouest... de la France bien entendu ! « La Forêt », dans le centre-ville, derrière le grand immeuble de la « BCEAO », la banque commerciale de l’Afrique de l’Ouest. De petites tables situées sous des boukarous ou autour de la piscine. « La Bonbonnière », en centre-ville, non loin du Relax-Hôtel, offre des petits déjeuners avec croissants, jus de fruits et yaourts. C’est aussi un salon de thé avec gâteaux « à la française » : religieuses, mokas, tartelettes, mille-feuilles. 

 

Mention spéciale pour « L’Eau vive », un restaurant un peu particulier décrit ainsi par « Le Routard » : « Dans un joli jardin en face du « Relax hôtel », tenu par des missionnaires. Très propre, un peu plus cher, mais excellent. Spécialités : canard aux mangues, gratin de gombos au jambon. A 21h30 les missionnaires chantent l’Ave Maria ». C’est effectivement un restaurant tenu par une congrégation religieuse qui a plusieurs implantations en Afrique et en France [2]. Au début du repas, pour les incultes, les sœurs fournissent le texte du chant composé de trois couplets entrecoupés d’un refrain :

 

« Vierge Sainte, Dieu t’a choisie
Depuis toute éternité
Pour nous donner son fils bien aimé
Pleine de grâces, nous t’acclamerons »

 

Etc. Je vous fais grâce de la suite. Ne me demandez pas de vous le chanter, j’ai déjà oublié l’air comme les paroles : ventre affamé n’a pas d’oreille ! Un soir, nous avons l’immense honneur d’accueillir un haut fonctionnaire d’un ministère français qui, pour une fois, s’intéresse à nos actions d’appui à la formation professionnelle rurale. Difficile de descendre dans un « maquis », aussi allons-nous à « L’eau vive ». Ce soir-là, il y a inflation sur les chansons ; après la rengaine habituelle, il faut entonner un Ave Maria accompagné par une sœur guitariste. Notre responsable participe au chœur avec une belle voix de basse. Nous en déduisons donc que, soit il aime chanter, soit il est calotin, soit les deux. Pour vérifier ces hypothèses, il faudrait que les syndicats lui demandent de chanter l’Internationale lors de leur prochaine manifestation sous ses fenêtres ! La propreté des locaux et la cuisine excellente méritent bien cette petite concession de devoir chanter avant de dîner et je partage les appréciations du Routard même si le gratin de gombos a depuis disparu de la carte. Le restaurant comporte également un très agréable jardin, dommage qu’il soit décoré d’une statue vraiment très laide de la Vierge, à l’air puéril et assez bêtasse. Une faute de goût, mais elle n’est pas là pour ça.

 


[1] C’était avant la crise politique et la guerre civile en Côte d’ivoire de 2002 / 2007. Il n’y a donc pas nécessairement besoin d’être un grand analyste politique international pour sentir la dégradation d’une situation.

[2] La Communauté de l’Eau vive connait depuis de nombreux départs, l’engagement dans la communauté s’apparentant à du travail forcé, voire de l’esclavage, et à du travail dissimulé sans autorisation de travail (2018).

 

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