Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
9 avril 2021

Les obélisques de Rome (5/28). 1586 – « Vaticano » (n°2).

Piazza San Pietro - Vaticano

 

 

[1]          Sur le côté droit de l’ancienne basilique Saint-Pierre, de Maxence et Constantin, l’obélisque qui décorait la spina du cirque de Caligula et de Néron était demeuré à sa place d’origine, le seul des obélisques antiques à être resté dressé. C’est un obélisque d’origine égyptienne mais faute d’inscriptions hiéroglyphiques, l’hypothèse est qu’il proviendrait du temple d’Amon-Rê à Héliopolis. Il est attribué au pharaon Amenemhat II. Auguste l’aurait ensuite fait ériger à Alexandrie, mais c’est Caligula qui, en 37, le fit transporter à Rome et dresser dans le cirque.

 

L’obélisque était dénommé « l'aiguille de saint Pierre », selon la tradition qui veut que Pierre aurait été crucifié la tête en bas, sur la spina du cirque, vers 64, sous le règne de Néron. Le corps de saint Pierre aurait ensuite été inhumé à proximité. Le lieu du supplice et d’inhumation de Pierre définis par la tradition ont déterminé le lieu d’érection de la première basilique, au IVe siècle, à proximité de l’obélisque. L’obélisque était aussi connu sous le nom de « tombeau de César » parce qu’une légende voulait que la sphère en bronze doré, située à son sommet, renfermait les cendres de Jules César !

 

L’idée de placer l’obélisque devant la basilique remonte à Nicolas V Parentucelli (1447 / 1455) qui souhaitait donner au monolithe une symbolique chrétienne. Sa base aurait été décorée de statues colossales des quatre évangélistes, en bronze, et le sommet d'une statue du Christ tenant une croix dans la main droite [2]. Mais Nicolas V avait aussi le projet de remplacer la basilique constantinienne qui menaçait de tomber en ruine et, devant l’urgence, Jules II della Rovere (1502 / 1513) décida, en 1505, de la construction de la nouvelle basilique. En 1626, la basilique Saint-Pierre devient le plus vaste monument couvert au monde : 23 000 m2 (Notre-Dame de Paris 6 000 et Sainte-Sophie d’Istanbul 10 000).

 

Sixte Quint Peretti (1585 / 1590) reprend l’idée du transfert de l’obélisque et le fait ériger en 1586, par son architecte Domenico Fontana, devant la future basilique.

 

« …en 1586, la façade de la basilique n'est pas encore commencée, il n'est même pas encore décidé si l'on achèvera l'église en croix grecque ou en croix latine, et par conséquent on ignore où se situera la façade. La place n'est qu'un espace vague, aux limites indéterminées, aux façades sans ordonnance : et seule la conformation physique du terrain permettra de choisir l'emplacement logique -de l'obélisque, à l'endroit où le grand axe de la nouvelle basilique, prolongé vers l'est, atteint le creux de la dépression vaticane » [3].

 

Le pyramidion est chapeauté par une représentation de plusieurs monts dominés par une étoile, les armoiries pontificales de Sixte V, et enfin par une croix symbole de la victoire de la chrétienté sur le paganisme et l’hérésie (sous entendue, les églises réformées !). 

 

C’est quatre-vingt ans plus tard que la place Saint-Pierre sera réalisée, entre 1656 et 1667 (voir photo). Le génie du Bernin est d’avoir dessiné une très grande place pour accueillir les pèlerins, en respectant les éléments présents (la basilique, l’obélisque et la fontaine de Carlo Maderno), en limitant les démolitions coûteuses de bâtiments et en évitant les effets d’horizontalité de la façade alors jugés excessifs. Il imagina une place composée de deux parties : l'une, en trapèze inversé sur le modèle de la piazza del Campidoglio dessinée par Michel-Ange, s'ouvrant vers la basilique pour rétrécir visuellement la largeur de la façade ; l'autre, organisée selon deux demi-cercles dont les centres sont situés de part et d’autre de l’obélisque central. L'unité de l'ensemble est assurée par les portiques, à colonnes toscanes, sur quatre rangées, disposés en deux branches ouvertes à l'Orient. 

 

« Ceci est tout simplement la perfection de l’art. Supposez un plus d’ornements, la majesté serait diminuée ; un peu moins, il y aurait de la nudité. Cet effet délicieux est dû au cavalier Bernin, dont cette colonnade est le chef d’œuvre » [4].

 


[1] Photo Tiziana Fabi. Mars 2020.

[2] Jean-Jacques Gloton. « Les obélisques romains de la Renaissance au néoclassicisme ». In « Mélanges d'archéologie et d'histoire ». Tome 73. 1961.

[3] Idem.

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 989 841
Promenades dans Rome