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Notes d'Itinérances
2 avril 2024

Trastevere - Lungara et Janicule (4/20). La via della Lungara et San Giacomo alla Lungara

Un mémorial funéraire du Bernin

 

 

Afin que les pèlerins venant du sud puissent rejoindre facilement la basilique Saint-Pierre, le pape Jules II della Rovere (1503 / 1515) fit ouvrir une nouvelle voie sur la rive droite du Tibre. Tracée en ligne droite à partir du pont Sisto et du port de Ripa, à l’extrémité sud de Rome, la rue rejoignait le Vatican. Son appellation était Sub Janiculensis (sous le Janicule), mais les pèlerins l’appelaient via Sancta (la voie sainte). A la Renaissance, la rue était très fréquentée et des familles nobles s'y établirent, les Riario (Villa Corsini) ou les Peruzzi (Villa della Farnesina). Compte-tenu de sa longueur, le nom de la rue est devenu della Lungara. Puis la voie a été scindée en plusieurs tronçons : via della Lungaretta du pont Sisto jusqu’à Santa Maria in Trastevere, puis via della Scala (de l’escalier) à la porte Settimiana, et enfin via della Lungara jusqu’au pont Mazzini.

 

Côté nord, San Giacomo alla Lungara est aussi appelée San Giacomo in Settimiano du fait de sa proximité avec la porte de Settimiana construite par Septime Sévère et incorporée par Aurélien dans les murs de la ville. L’église daterait du IXe siècle, mais les documents les plus anciens qui la mentionnent sont des bulles papales de 1198. Au XIIe siècle, la via della Lungara n'existait pas encore et l'église était certainement celle d’un hameau. Vers le milieu du XVIIe siècle, l’église fut considérablement restaurée par Luigi Arrigucci, grâce à la protection du cardinal Francesco Barberini, neveu du pape Urbain VIII, et de son avocat consistorial Ippolito Merenda. Elle est alors transformée d’un plan basilical à nef centrale avec des bas-côtés, à une seule nef avec un plafond à caissons. A la même époque, les religieuses édifient un couvent consacré aux prostituées désireuses de changer de vie. Le couvent était situé entre l'église et le Tibre et comprenait deux cloîtres à arcades. Le couvent des religieuses Augustines fut démoli en 1887 lors de la construction des digues, des quais et de la voie surélevée du Lungotevere. Si l’église et son clocher furent épargnés, ils se sont retrouvés enserrés dans les bâtiments conventuels construits à la fin du XIXe. Le clocher roman du XIIe siècle est le seul élément médiéval qui a survécu.

 

Le plan de l'église est d’une seule nef, couverte d’un gracieux plafond à caissons, avec deux autels latéraux et deux grandes statues dans deux niches latérales. Le sol a été refait en 1916, dans un style umbertien de tuiles en ciment. L’œuvre la plus remarquable de l’église, bien que très méconnue, est le mémorial funéraire d’Ippolito Merenda du Bernin. Réalisé entre 1636 et 1638, c’est une plaque en forme de drap plissé par le vent, soutenu par les deux mains et les dents d’un squelette ailé, et sur lequel est inscrite l’épitaphe (photo). A l’origine installé au monastère dei Convertite, il est de la même facture que le mémorial à Alessandro Valtrini conçu plus tard par Le Bernin, en 1639, et situé dans l'église de la San Lorenzo à Damaso à Rome. Les deux monuments représentent la Mort comme un squelette ailé, en mouvement, portant des inscriptions avec, dans le monument d’Alessandro Valtrini, un portrait de celui-ci dans un médaillon. Ce type de représentation de la Mort a été utilisé à plusieurs reprises par Le Bernin. Dans la mosaïque au sol de la chapelle Chigi à Santa Maria del Popolo (1652 / 1656), la mort semble émerger du sous-sol sur un fond noir en portant les armes des Chigi. Dans le monument funéraire d'Urbain VIII Barberini (1628 / 1647), à la basilique Saint-Pierre, la mort sort du tombeau pour écrire l’épitaphe. Dans celui d'Alexandre VII Chigi (1671 / 1678), la Mort soulève un drapé et tend un sablier pour rappeler que l’heure est venue !

 

Santa Maria delle Scalette (Sainte Marie du petit escalier, dénommée ainsi pour les deux volées de quelques marches menant à l'entrée de l'église) a été fondée en 1615 avec un couvent pour héberger les femmes de « mauvaise réputation qui voulaient se racheter ». En 1839, le complexe a été confiés aux Sœurs du Bon Pasteur puis il est devenu une prison en 1950. C'est aujourd'hui le siège de la Casa Internazionale delle Donne (Maison Internationale des Femmes). En 1987, le mouvement féministe romain, expulsé du Palazzo Nardini de la via del Governo Vecchio, a occupé l’ancien complexe du Bon Pasteur. L’association « valorise la politique des femmes, offre des services et des conseils », elle participe à « la lutte contre le sexisme et le racisme, institutionnel et populaire, à l'accueil et le soutien aux femmes en difficulté et/ou victimes ».

 

Liste des promenades dans Rome. et liste des articles sur le Janicule

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