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Notes d'Itinérances
3 avril 2021

Les obélisques de Rome (2/28). Obélisques et urbanisme.

Des points de repère dans la ville

 

 

L'obélisque est un monolithe, dressé, à quatre faces de tailles égales qui s'amincissent vers le sommet, et se termine sous forme d’une pyramide.

Selon les croyances de l’Égypte antique, il serait un rayon de soleil figé. Amon-Rê, le dieu-soleil se serait manifesté aux hommes sous cette forme. L’obélisque était un objet sacré, généralement placé de chaque côté de l’entrée des temples. Ils étaient gravés d’inscriptions religieuses et des cartouches du pharaon qui avait décidé de leur érection, ce qui permet de les dater. Par sa forme et le fait qu’il soit dressé, l’obélisque évoque aussi la transcendance.

 

Les Romains de l’antiquité s’attribuèrent de nombreux obélisques égyptiens comme tribut de guerre et comme symbole de leur puissance en les plaçant dans les cirques, temples ou ensembles funéraires. Ils constituaient une manifestation de leur puissance technique en montrant qu’ils étaient capables de transporter sur de longues distances ces monuments d’une seule pièce, impressionnants par leur taille et leur poids, et de les ériger dans les villes impériales, Rome et Constantinople.

 

Il revient à Sixte Quint Peretti (1585 / 1590) de se réapproprier les obélisques et leur symbole, la puissance, mis au service de l’église catholique comme puissance religieuse mais aussi comme puissance économique et technique. C’est que tout le XVIe siècle est traversé par l’émergence de la réforme protestante et par les efforts de la papauté pour lutter contre son développement notamment avec le Concile de Trente (1545 / 1563). L’érection des obélisques est une occasion d’affirmer le triomphe du Christ, de la religion catholique romaine contre le paganisme et l’hérésie (sous-entendu les églises réformées). Avec l’aide de son architecte Domenico Fontana (1543 / 1607), Sixte Quint est aussi le premier pape à attribuer aux obélisques une fonction urbaine dans la ville. L’obélisque du Vatican, dressé devant la nouvelle basilique Saint-Pierre, devait être le point de référence qui guiderait vers la basilique. Son piédestal est notamment gravé de la sentence : « Christus vincit – Christus regnat – Christus imperat » (« le Christ vainc – le Christ règne – le Christ commande »). Les obélisques redessinent le plan de la ville en reliant entre elles les basiliques de Sainte-Marie-Majeure et Saint-Jean-de-Latran. Aux carrefours, ils définissent des points de références à partir de rues convergentes pour guider les pèlerins vers les principaux lieux de culte. Pour souligner leur intégration dans les références de l’église catholique, chacun d’eux fut baptisé, décoré de la croix et sur les piédestaux étaient gravés des maximes chrétiennes. 

 

Par la suite, la liaison entre les obélisques de Santa Maria Maggiore et San Giovanni in Laterano sera poursuivie avec l’érection de l’obélisque de la Trinità dei Monti. Ce grand axe Nord-ouest / Sud-est (rue des Quatre Fontaines et rue Sistina), tracé par Sixte V Peretti en 1531. Il coupe perpendiculairement un autre axe routier, voulu par Pie IV Medici (1559 / 1565), en 1561, la via Pia (aujourd’hui rue du Quirinal et rue du XX settembre) qui relie le palais papal à la porta Pia. L’obélisque du Quirinal en ouvre symboliquement la voie vers la Porta Pia. L’obélisque de la piazza del Popolo (voir photo) ouvre sur un éventail de trois voies, à droite la via Leonina (rue Ripetta), réalisée en 1518 à la demande de Léon X Médicis (1513 / 1521) permettant de rejoindre la basilique Saint-Pierre ; à gauche la via Clementia (via del Babouino) créée en 1525 à la demande de Clément VII Médicis (1523 / 1534) desservant la place d’Espagne, au centre l’antique via Latta (via del Corso). L’obélisque de la Trinità dei Monti marque une double perspective, vers Sainte-Marie-Majeure d’une part, mais plus majestueuse, vers la place d’Espagne située en contre-bas. Les obélisques contemporains sont généralement placés sur des grandes perspectives, dans le quartier de l’EUR au Sud de Roma (Marconi), ou le quartier de Della Vittoria au Nord de Rome (Foro Italico).

 

Il y aurait eu jusqu’à 17 obélisques antiques à Rome. Aux 13 toujours présents [1], il convient d’ajouter trois obélisques aujourd’hui transférés à Florence (jardin de Boboli), Urbino et Munich, enfin celui qui ornait l’île Tibérine a disparu au XVIe siècle [2].

 


[1] Nestor L’Hote. « Notice historique sur les obélisques égyptiens et en particulier sur l’obélisque de Louqsor ». 1836.

[2] Hélène Moreau. « Entre deux rives-entre deux ponts : l’île Tiberine de la Rome antique: histoire, archéologie, urbanisme des origines au Ve siècle après J.C ». Archéologie et Préhistoire. Université́ Charles de Gaulle - Lille III. 2014.

 

Liste des promenades dans Rome et liste des articles sur les obélisques de Rome

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