Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
1 juillet 2023

Campitelli - Le tour du Forum (19/25). La via dei Cerchi (Rione Ripa).

Lieu des exécutions capitales avant d’être celui du travail en usines

 

 

La via dei Cerchi relie la piazza di Porta Capena à la piazza della Bocca della Verità (place de la Bouche de la Vérité). A l'origine, son nom était via del Circo Massimo et, par corruption, Circus s’est transformé en « Cerchi ». La rue aurait été ouverte en 1587 à l’occasion du transfert des deux obélisques retrouvés au cirque Maxime et déplacés l’un à Saint-Jean-de-Latran, l’autre sur la piazza del Popolo. A l'endroit où la rue se termine Piazza della Bocca della Verità, devant le grand bâtiment de l'ancien Pastificio Pantanella [1], le lieu était tristement célèbre parce qu’il était un des endroits choisis, avec la piazza di Ponte Sant Angelo et la piazza del Popolo, pour les exécutions capitales. Le 24 novembre 1868, la guillotine y a été dressée pour l’ultime condamnation à mort de l'État pontifical. Giuseppe Monti et Gaetano Tognetti étaient accusés de l'attaque de la caserne Serristori les 24 et 25 octobre 1867, lors de la dernière tentative d’insurrection garibaldienne contre l’État pontifical. La caserne avait été minée par les patriotes et républicains romains et 34 zouaves pontificaux étaient morts dans l’explosion. 

 

Au XIXe, la Via dei Cerchi comprenait des usines et des manufactures : la « Société anglo-romaine pour l'éclairage au gaz de la ville de Rome », inaugurée en 1852 et détruite en 1939 lors de la restructuration mussolinienne de la zone, et les bureaux et les fours de la « Società dei Molini e Pastificio Pantanella » (Société des moulins et de pâtisserie), première usine de Rome en 1878 qui produira ensuite des pâtes et sera détruite partiellement par un incendie en 1892. Il subsiste le bâtiment principal, le palazzo della Pantanella de style néo-renaissance (après le carrefour, à gauche), affublé d’une entrée grandiloquente dans les années 30 quand le bâtiment fut transformé en musée de Rome. A cette époque, l’approvisionnement de Rome en produits alimentaires se faisait directement à partir de sa campagne dans de multiples marchés de quartiers. En 1882, un marché général est créé sur la Via dei Cerchi qui fonctionnera jusqu’à l’ouverture des Marchés généraux de la via Ostiense en 1921.

 

En 1939, la route est pavée et agrandie avec la démolition de certains bâtiments, notamment l'église de Santa Maria de Manu (Sainte Marie de la Main). Il ne subsiste de celle-ci qu’une partie de l’abside au n°125. L'église abritait une image miraculeuse de la Vierge : frappée par des Juifs elle se serait mise à saigner ! Pour éviter une nouvelle profanation de l’image et permettre sa vénération, l’image avait été placée dans un oratoire, transformé ensuite en église. Son nom dérive d'une grande main en marbre (appartenant probablement à une statue colossale), avec l'index en relief, qui se trouvait près de l'église et que les gens appelaient « la main de Cicéron ». La mémoire de l'église demeure dans cette façade étonnante (photo), érigée au XVIIe siècle, qui masque un bâtiment qui faisait partie des Jardins Farnésiens. Au sommet et au centre de la façade, couronnant un oculus, se dresse le motif de la « Main de Cicéron ».

 

Après un ensemble de maisons basses, sur la droite, au début de la Via di San Teodoro, peut-être d’origine médiévale, s'ouvre le parvis de l'église de Santa Anastasia al Palatino. Erigée au début du IVe siècle, sur des bâtiments antérieurs, l’église était l'une des premières églises paroissiales de la Rome paléochrétienne. Le bâtiment a connu de nombreuses modifications et reconstructions [2]. L'église doit ses formes actuelles au pape Urbain VIII Barberini (1623 / 1644) qui ordonna sa restauration en 1636. L'intérieur a ensuite entièrement été remanié dans le style baroque, un plafond à caissons a été posé et, pour supporter son poids, de nouveaux piliers ont été placés, les colonnes originales ne servant plus que de décoration. En 2020, le pape François a accordé le bâtiment à l'église syro-malabare [3] comme siège romain.

 

Des fouilles ont mis au jour de riches décors de mosaïques d’une insula et des magasins. Les historiens font l’hypothèse que le « Lupercale », la grotte mythique où la louve aurait allaité Romulus et Remus, se trouvait dans cette zone. 

 


[1] Les lieux des exécutions capitales dans la Rome papale ont varié : à la Roche tarpéienne au Moyen-Âge puis, à partir de 1488, au pont Sant’Angelo. Le Campo di Fiori a également été utilisé pour la torture du pilori. Les notes de Mastro Titta, le bourreau des États pontificaux de 1796 à 1865, montrent un déplacement progressif du pont Sant’Angelo à la Piazza del Popolo dans les années 1790, puis à la via dei Cerchi dans les années 1820.

[2] Site Romanchurches. « Santa Anastasia ». 

[3] L'Église catholique syro-malabare est une Église catholique établie à l'origine au Kerala, en Inde. Elle appartient au rite syriaque oriental ou chaldéen.

 

Liste des promenades dans Rome et liste des promenades autour du Forum

Télécharger le document intégral

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 989 642