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Notes d'Itinérances
14 juillet 2013

Rome baroque (16/21). Aux sources antiques du baroque.

Exposition aux Marchés de Trajan - Les statues grecques et romaines et l'art du mouvement

 

Cette année-là, de retour vers la gare de Termini par le Corso et la Via Nazionale, après une journée bien chargée, les Marchés de Trajan présentent une exposition au titre évocateur « Marmi colorati della Roma imperiale » [1]. Son objectif est de rappeler que, loin d’être de pierre blanche, les monuments de la Rome antique étaient recouverts de marbres dont les couleurs étaient savamment organisées à l’image des statues et temples grecs qui étaient également entièrement peints contrairement à la représentation que nous en avons encore le plus souvent. Les monuments furent ensuite dépouillés de leurs marbres au profit d’églises ou de palais que se faisaient construire les dignitaires de l’église et la noblesse romaine.

 

A côté de dessins, maquettes et reconstitutions, sont également exposées quelques statues composées de marbres de couleurs différentes. L’une d’elle était particulièrement remarquable, la statue de Matidia, une des fières Sabines enlevées par les Romains. Elle daterait de 120 avant JC. Elle est composée de marbre noir pour la tunique qui enveloppe le corps et de marbre blanc pour la tête, les épaules largement dénudées et les bras. L’opposition de couleurs met en valeur les admirables épaules et le visage de la statue. Plus extraordinaire encore : la représentation de la tunique. Fermée par une agrafe à l’épaule droite et serrée à la taille, la tunique, très légère, flotte dans le vent et son remarquable plissé, transparent, laisse deviner les formes de la jeune femme. 

 

Bien sûr, il y a fort peu de chance que Le Bernin et Borromini aient également pu admirer cette statue, mais ils en avaient contemplé de semblables, d’un art tout aussi consommé et pour lesquelles le mouvement était déjà rendu avec tant de justesse. La fréquentation de telles œuvres et celles des grands maîtres de la Renaissance, oblige un artiste à se surpasser dans son art, à aller plus loin encore que ses prédécesseurs. Ce ne peut pas être tout à fait un hasard si ce sont des artistes romains qui ont « inventé » le Baroque, cet art du mouvement.

 

Bien évidemment, une journée même bien remplie n’épuise pas toutes les œuvres du Bernin et de Borromini à Rome ! Pour Le Bernin, il faudrait nécessairement compléter cette approche par une promenade de l’autre côté du Tibre, dans les quartiers du Borgo et du Trastevere : la colonnade de la Place Saint-Pierre et ses différentes interventions dans la basilique, mais aussi la chapelle Raimondi à San Pietro in Montorio et l’extraordinaire statue de la « bienheureuse Ludovica Albertoni » à San Francesco à Ripa. Enfin, la villa Borghèse recèle des sculptures du Bernin qui soulignent sa formidable maîtrise de la matière et du mouvement.

 

De Borromini, il faudrait aussi aller voir, à l’extrémité du Corso Vittorio Emanuele, près du Tibre, l’autel de San Giovanni dei Fiorentini et sa tombe dans cette église. Non loin de là, l’Oratoire des Philippins (1621 / 1661), présente un étonnant fronton en carène de navire renversée. L’idée sera reprise au couvent des Ursulines (1721) de Ljubljana avec beaucoup moins de légèreté toutefois dans le traitement de la façade : de très lourdes demi-colonnes d’ordre colossal sont plaquées sur la façade, alors que Borromini a décoré la façade de l’Oratoire des Philippins de deux ordres superposés de pilastres, séparés par une corniche. Sans oublier la décoration intérieure de San Giovanni in Laterano (1644 / 1655) qui fut certainement un chantier des plus difficiles à conduire. 

 

En recomposant le circuit de cette promenade, mais à condition de trouver à chaque fois portes ouvertes pour ces différents monuments, il est peut-être possible de « rationaliser » le circuit. Mais n’y comptez pas trop, en Italie les ouvertures et fermetures des églises et musées répondent à une logique inaccessible au commun des mortels. 

 

Et puis, il y a tellement d’autres choses à voir en cours de route que vous ne pourrez pas résister au spectacle de la rue et des placettes, aux vitrines des magasins, aux terrasses de café, aux petites rues populaires, sans parler de tous les autres magnifiques monuments, l’église Santa Susana, la fontaine de Trevi, l’escalier de la Trinità dei Monti, le Panthéon, les églises Sant’Ignazio et Saint-Louis-des-Français, mais aussi les bords du Tibre que les Romains ignorent superbement ! Enfin, tout ce qui fait le charme de Rome.

 


[1] Museo dei Fori Imperiali. « Les marbres colorés de la Rome impériale ». 28/09/2002 - 19/01/2003.

 

Liste des promenades dans Rome et liste des promenades dans la Rome baroque

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